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#5Juillet1962. Visions d’Indépendance algérienne

Le 5 juillet 1962 signe l’indépendance de l’état algérien, après 132 ans de domination française. À l’occasion des 55 ans de l’Algérie indépendante, des Franco-algériens livrent leurs visions de l’événement aujourd’hui. Récits.

Bettmann via Getty Images

« Chaque 4 juillet, le monde fête les États-Unis. C’est un rappel pour moi. Je sais que le lendemain, ce sera le moment de penser à mon pays de naissance et de cœur, l’Algérie. L’occasion de me revoir enfant et adolescente, chantant l’hymne national à tue-tête avec mes amis chaque samedi matin et chaque jeudi midi. C’est aussi pour moi le moment de me souvenir que des Algériens ont péri par amour pour leur pays et pour notre liberté. Je ne veux pas les décevoir. Le 5 juillet est un rappel à l’ordre. À mon niveau, et même si je vis de l’autre côté de la Méditerranée, je dois honorer ce pour quoi ils se sont battus et œuvrer pour le développement de mon pays. »

Kenza, 36 ans, directrice commerciale

Crédit Reporters Associes via Getty images

« Le 5 juillet 1962 m’inspire deux choses : la fierté d’être issue d’une lignée de révolutionnaires, et la tristesse de prendre acte, chaque jour, des conséquences désastreuses de la colonisation et de la guerre, ici et là-bas… Bref, ce n’est pas un jour joyeux pour moi, c’est plutôt la commémoration d’un gros gâchis qui continue de coûter trop de vies… Journée mélancolique en somme ! »

Célia 36 ans, journaliste

« À la fois fier de l’histoire de mon pays et de sa lutte pour son indépendance  je ne peux me réjouir totalement. 55 ans après son indépendance, nous sommes à l’heure du bilan et je reste sceptique pour l’avenir de l’Algérie.Un pays dirigé depuis l’indépendance par l’armée algérienne. Un pays qui dépend économiquement du gaz et du pétrole, incapable de diversifier son économie. L’Algérie doit produire pour ne pas dépendre uniquement de ses ressources énergétiques. En Algérie le coût de vie est cher, un chômage catastrophique une jeunesse sans rêve ou plutôt juste un, celui de partir pour la France ou le Canada. Voilà tout le paradoxe, celui d’une indépendance sans avenir si l’on peut dire.« 

Kamel, 39 ans, entrepreneur

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« Je ne m’y rends qu’une fois par an et pourtant, mon cœur bat la chamade au rythme de l’hymne national, mes yeux laissent échapper des larmes à la simple vue du drapeau, des larmes sans doute chargées de l’histoire dont nous avons hérité dans le plus grand des silences, car chez nous, on ne parle pas du passé. C’est fou, écrire ces quelques lignes me replongent dans une vive émotion, elles m’invitent à un nouveau voyage dans les rues d’Alger bondées de mes aïeux qui célèbrent l’indépendance. C’est par procuration que je revis cette victoire pour la justice et la dignité. Je les en remercie. Le 05 juillet, c’est aussi l’espoir que la Palestine savoure bientôt le goût de la liberté : ‘Houria! Houria ! (liberté en arabe) » 

Nadia, 32 ans, juriste

« L’indépendance a été obtenue par un long et valeureux combat contre la présence coloniale, certes. Mais, les dirigeants algériens post-1962 n’ont pas tenu leur promesse, celle de rendre le pouvoir au peuple. Avec une armée toujours dominante et un pouvoir centralisé, l’Algérie est dans une impasse. Sans parler des choix économiques et politiques plus que discutables. »

Amine, 39 ans, financier

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« Mon rapport à l’Algérie : il est simple. Il est viscéral… J’en ai fait l’objet de mes études avec deux mémoires sur l’Algérie et la France. Et qu’on ne me demande pas de choisir… Comme l’Algérie en 62, je suis indépendant. Je rappelle que l’Algérie est le seul pays au monde à avoir eu une équipe nationale de football avant d’être indépendante. Sur le drapeau, si cela agace, je m’en fiche. Que l’on ne m’emmerde pas avec mon identité, je n’embête pas les autres avec la leur. »

Nabil, 37 ans, journaliste

« 55 ans d’indépendance c’est vrai et c’est vital d’honorer la mémoire de ceux et celles qui ont contribué à cette émancipation. Je regrette seulement que ce culte du drapeau et du territoire n’ait pas permis une réelle entre tous les pays du Maghreb… Si cela avait été le cas, ce fameux « printemps arabe » aurait eu une autre gueule . Enfin dans un monde idéal,j’aurai tant voulu faire comprendre à pas mal de Maghrébins qu’ils ne vivent pas sur une île mais sur un continent et que nous sommes tous des Africains. Toutes ces divisions font que l’esprit colonial existe encore économiquement et que le terme indépendance a encore une importance toute relative. »

Sam Deghout, travailleur social

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« La fête de l’indépendance, ça m’inspire un profond respect pour celles et ceux qui ont œuvré pour l’indépendance. C’est vrai qu’on a ce côté patriote, fier.e.s du drapeau algérien qu’on retrouve d’ailleurs partout, à chaque événement, et ce même le jour où Macron est devenu président sur les Champs-Élysées. En revanche sur des questions de fond, l’Algérie n’avance pas. Les jeunes n’ont pas de travail, pas d’activité alors que le pays est riche, elle laisse sa jeunesse dépérir. »

Assia 28 ans, chef de bord TGV

Propos recueillis par Nadia Henni-Moulaï

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