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Fatima N’dongo, le turban en mode start-up


Fatima N’Dongo  » ne sort jamais sans son turban » . Fin septembre, elle participait aux Apérettes, un événement dédié à l’entrepreneuriat au féminin. Jeune créatrice, Fatima N’Dongo a lancé House of Turban, un site de vente en ligne.

Son produit, vous l’aurez compris, le turban version 2016. Elle en propose pour tous les goûts du chic au casual. Une tendance que cette professionnelle de la mode a bien flairée. Les clientes sont au rendez-vous. Des reines que l’on revêt d’une couronne.

Fatima N’Dongo est une «  turbanista « , comprenez fan de turban. Elle vient de lancer House of Turban, une boutique en ligne dédiée à cet accessoire ancestral mais toujours porté aux quatre coins du monde.

« Le site est en ligne depuis la semaine dernière », lance t-elle, enthousiaste. Une étape importante pour elle qui a mûri son projet pendant neuf mois dans un incubateur.

Dans l’incubateur Numa

 » En janvier 2015, j’ai intégré School Lab, le premier démarreur de startups étudiantes, qui à l’époque, avait ses bureaux au 2ème étage du Numa, un espace au centre de Paris, dédié aux start up « . Sélectionné après un appel à candidatures, elle rejoint, alors, 18 projets.

« Cela m’a permis d’avoir un suivi professionnel avec l’aide d’un mentor. Il m’a aiguillée pour éviter de faire des erreurs. En parallèle, j’ai pu rencontrer des entrepreneurs, assister à des conférences sur le sujet. On a travaillé sur le projet, fait beaucoup de prototypages pour tester les produits « , résume t-elle.

Des conditions idéales pour voir ce que la jeune entrepreneuse a dans le ventre. «  Se confronter à la clientèle « , c’est un peu l’épreuve du feu. Et puis ce qui compte aussi, «  c’est pas forcément la forte valeur ajoutée du projet mais la motivation car physiquement et moralement, l’entrepreneuriat, c’est dur « .

Après neuf mois d’accompagnement, Fatima N’Dongo semble avoir confirmé sa vocation. Le ton posé, la créatrice a la passion dans la voix. Un atout qui laisse présager de beaux jours à son projet devenu, entretemps, un vrai site de commerce.

« Après le succès des Apérettes (où elle vendu plus qu’espéré), j’enchaine avec une vente privée le 11 octobre prochain « , ajoute t-elle. Elle entre, maintenant, dans le vif du sujet.

Action/réaction!

Finalement, l’histoire de Fatima N’Dongo est celle de la fille qui passe de l’idée à l’action. Elle finit ses études en mai 2012. Après 4 ans à l’école parisienne Mod’art, elle décroche un master 1 en marketing spécialisé textile, mode et arts de vivre.

Après des séminaires en Europe et en Asie, elle rend un mémoire sur le boom des cosmétiques en Asie. «  Je suis allée 10 jours à Hong-Kong pour nourrir mon étude « . Elle fait bien. Elle obtient une excellente note. Bien outillée, elle part du bon pied dans la vie professionnelle.

« J’ai enchainé avec un contrat de professionnalisation chez L’Oréal « . Pendant un an, elle apprend le métier. «  J’étais dans le département merchandising et design « .

En charge des boutiques aéroportuaires dans le monde entier, elle se donne à fond. La fin de l’alternance voit une opportunité lui sourire. «  L’Oréal me propose un VIE (Volontariat international en entreprise) pour la division luxe à Miami « .

La magie des Etats-Unis

La jeune étudiante s’envole, alors, pour les Etats-Unis. Elle ne le sait pas encore mais c’est un peu là que l’idée de House of Turban éclot.

Elle qui adapte sa tenue en fonction de son turban ne passe pas inaperçue. «  On m’arrêtait plusieurs fois par semaine dans la rue pour me demander où j’avais acheté mon turban, pensant que c’était une pièce cousue « , s’étonne t-elle.

Habile de ses mains, Fatima ne fait que nouer son foulard un peu comme on lace des chaussures. Un détail pour la jeune femme. Au travail, ses collègues sont fans. «  Tous les jours, c’était une analyse de mon look. J’accordais mon turban avec mes fringues. Je m’amusais à le nouer différemment ».

« C’est vraiment comme une coiffure « . Elles n’y arrivaient pas. Fatima les  » forme «  quotidiennement. «  Je leur disais : mais c’est simple ! « , lance t-elle, un brin moqueuse.

Née avec le turban

« Je suis très coquette « . Alors, c’est naturellement que Fatima N’Dongo apprend à manier cet accessoire dont la portée est d’abord symbolique.

« Chez les Peuls, une ethnie présente au Sénégal pays d’origine de mes parents, une femme mariée porte le turban en signe d’alliance », explique t-elle. Alors enfant, Fatima voit progressivement, les femmes de son entourage le revêtir. Elle va, comme elle le dit, développer  » une gestuelle pour l’attacher « .

« Elégance et beauté »

Au fil du temps, elle voue une fascination grandissante pour le turban. «  Des millions de personnes le portent dans le monde, chacune pour des raisons différentes, politiques, culturelles, religieuses…mais surtout chaque personne à sa façon de le porter « .

Plus qu’un accessoire, le turban pour elle est chargé de symbole. Face à l’engouement que suscite son turban, Fatima a l’idée de proposer un modèle cousu main.

Son entreprise, même si elle ne l’a pas encore formalisée, vient de naître. «  A Miami, j’ai mixé les modèles pour en proposer quatre différents du plus glamour au plus simple ». Les graines de House of Turban sont semées…

Paris, nouveau départ

Fatima N’Dongo rentre à Paris en juin 2014. «  C’était un peu la remise en question. Je n’étais pas trop sûre de me lancer « . Elle garde en tête son idée de turban mais «  je pensais faire quelques années de salariat et lancer ma boite ensuite « .

Raisonnable, elle décide de chercher un job. «  Je me suis laissée jusqu’à fin septembre pour trouver « . Croyante et pratiquante, elle se dit que « si rien n’arrivait après cette deadline, ce serait un signe de Dieu « , confie t-elle. En parallèle, son idée d’entreprise, elle l’a intériorisée.

« J’ai écumé tous les salons de l’entrepreneuriat à mon retour de Miami tout en prenant des cours d’arabe à l’Inalco », se souvient-elle.

L’énergie des start-up

Les candidatures se succèdent. Les refus aussi. Un signe évident pour la jeune femme. Décidée à prendre les devants, elle «  peaufine son projet, je travaille sur l’identité marketing avant de postuler à School Lab, le programme de Numa « . Son idée fait mouche. Après la sélection, elle rejoint l’incubateur.

Au terme d’une forme de speed dating entre  » startupers «  et mentors, Sébastien Méjean, l’un des accompagnateurs et expert en textile,  » voulait absolument travailler avec moi, suivre mon projet « , se rappelle t-elle, la voix pleine d’humilité.

Le duo fonctionne bien pendant neuf mois et même après. «  Une vraie complicité s’est formée. Nous sommes toujours en contact, il m’aide beaucoup notamment pour le réseau « . Un appui précieux pour la jeune entrepreneuse qui part tout juste à la conquête de son marché.

Couronner les têtes

« Je vends en ligne mais je n’ai pas encore de distributeur. Mon objectif pour l’instant est de faire connaître la marque « , souligne t-elle.

Elle qui « ne sort jamais sans son turban » dispose d’arguments pour vendre son produit. « Moi qui couvre mes cheveux, je sais que le turban valorise le visage. Je me sens vraiment bien avec et je veux que toutes les femmes se l’approprient ».

Et Fatima d’ajouter: « le turban donne de l’allure en élevant les femmes à la manière d’une reine. Que ce soit dans la Perse antique ou aujourd’hui avec une Rihanna qui le porte, le turban a traversé les époques « . Un article indémodable pour couronner les têtes !

Raconter, analyser, avancer.

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