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Finance, dette, écologie : Ce qui nous pend au nez pour 2018

L’année 2018 survivra t-elle à l’endettement ? Fondé sur ce fonctionnement, notre système monétaire et bancaire profite à nos banquiers.  

Cet enrichissement du capital est itératif et exponentiel, démontre Anice Lajnef, ancien responsable trading dérivées actions dans plusieurs grands établissements financiers.

Pour lui, il est vain de parler d’écologie sans remettre en question l’aspect destructeur du capitalisme fondé sur l’endettement. 

L’endettement mènera l’humanité à sa perte. Alors que l’on cherche à responsabiliser la finance sur la question écologique, la racine du mal est, elle, rarement évoquée.

À savoir notre système monétaire fondé sur la dette et l’enrichissement exponentiel des possédants.

La dette est au centre du modèle capitaliste. En effet, sans dette, pas de rémunération de la banque par l’encaissement d’un surplus (les intérêts).
Quel serait l’intérêt de la banque de nous endetter si elle ne touchait pas en contrepartie le fruit de l’usure, le surplus (les intérêts) ?

Pour bien comprendre ce qui se joue là, il faut savoir que la masse monétaire en Europe est constituée à 90% de monnaie scripturale, c’est à dire créée à partir de rien, lorsqu’un endettement est contracté auprès des banques commerciales. Donc si par enchantement tout le monde décidait de rembourser sa dette, la monnaie se contracterait d’une manière si violente que notre économie s’effondrerait.

La dette mondiale a atteint 220 000 milliards de dollars !

Cette dette produit deux effets connexes : D’abord nous vivons financièrement à crédit sur le dos des générations futures. La dette mondiale a atteint des records en 2017, soit la somme astronomique de 220 000 milliards de dollars ! Ensuite, ce système, construit sur l’endettement, pose le problème de la surconsommation et de la dette écologique que nous laissons aux générations futures.

En effet, un adage dit : « La consommation est le moteur de l’économie ». Cet adage oublie d’abord de nous parler du carburant utilisé par notre économie : l’endettement. Cet adage oublie ensuite d’évoquer les conséquences polluantes de ce moteur (la consommation) et de son carburant (l’endettement), quand la machine roule à plein régime. Cette course en avant, vers plus d’endettements et de consommations, extrait de notre planète plus que celle-ci ne peut supporter. La production et l’utilisation des matières premières, couplées à notre frénésie de consommation, mettent en danger l’équilibre de notre planète, la Terre.

Nous vivons écologiquement à crédit sur le dos des générations futures. Alors que nous devrions extraire de cette planète ce qui suffirait à notre subsistance. Cela lui laisserait le temps de se régénérer.

Ainsi, selon les calculs de l’Institut de recherches international Global Footprint Network, depuis le mercredi 2 août 2017, l’humanité vit à crédit : elle a consommé, en seulement sept mois, toutes les ressources naturelles que la Terre peut produire en une année. Ce jour du dépassement de la Terre (Earth Overshoot Day) survient toujours plus tôt. Selon ce même rapport, la dernière fois que notre consommation a respecté le temps de régénération de notre Planète, fut en 1970. Depuis, nous utilisons de plus en plus frénétiquement les ressources écologiques de notre planète, ne lui laissant pas le temps de se régénérer.

Dit autrement, il faudrait une Terre 1,7 fois plus grande pour régénérer ce que nous consommons dans l’année. Cette dette écologique se cumule au fil du temps, devenant de plus en plus dangereuse pour l’équilibre écologique de notre planète. Jour du dépassement mondial Il est bien sûr évident que les pays les plus consommateurs des ressources de la planète sont ceux dont l’économie est la plus dépendante du modèle fondé sur la dette. Combien de planètes

Les pays les plus pollueurs

Cette théorie est facilement vérifiable. Il suffit d’observer le réchauffement climatique pour se rendre de l’augmentation constante des températures dans le temps : anomalies

Hausse des températures

La situation serait normale si cette utilisation de nos ressources était vitale pour l’humanité. Mais les chiffres sur le gâchis liés à nos modes de consommation sont sans appel. Prenons l’exemple du domaine alimentaire.

Selon un rapport de 2017 de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ un tiers des aliments produits dans le monde pour la consommation humaine chaque année est perdu ou gaspillé, soit 1,3 milliard de tonnes !

  • « Cette surconsommation et cette dette écologique laissée aux générations futures est en fait le fruit de notre gâchis ».

Nombreux sont les gens de bonne volonté qui sont conscients de ces problèmes écologiques aux conséquences désastreuses, tant pour notre planète que pour les hommes victimes des dégâts climatiques. Sauf qu’ils ne perçoivent pas distinctement la racine absolue du mal, c’est à dire notre modèle fondé sur l’endettement qui pousse à la surconsommation et au gâchis.

Leurs constats sont justes, mais leurs réponses sont provisoires car ils ne remettent aucunement en cause la vraie source du problème : la voracité des hommes par le biais venimeux de l’endettement et des gains issus de cet endettement.

Ils ne font que vouloir ralentir la course en avant vers notre perte écologique. Les désastres climatiques sont nombreux : inondations, moussons, sécheresse, cyclones, désertification, érosion des sols… Mais leurs fréquences et leurs ampleurs ont atteint des niveaux alarmants.

Pour la seule année 2015, et d’après les chiffres de The Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), 18,9 millions de personnes ont été déplacées sous le coup de phénomènes climatiques extrêmes. Cette réalité écologique n’est ni plus ni moins que la conséquence de notre mode de consommation, lui-même fruit de notre endettement.

Notre modèle capitaliste est par nature un phénomène exponentiel (effet boule de neige). C’est d’ailleurs pour cette raison que notre endettement et notre consommation écologique sont aussi exponentiels.

Etant donné que nous consommons plus que la Terre peut régénérer, il arrivera inexorablement un jour où cette énorme et dangereuse boule de neige, que notre modèle usuraire crée, explosera et signera peut-être la fin de l’humanité.

  • « Sauf si les consciences se réveillent à temps et remettent en cause les fondements de notre modèle économique, seul moyen de résoudre le problème écologique.

Ce n’est d’ailleurs pas une surprise si les États-Unis, maîtres hégémoniques de ce monde capitaliste, négligent et nient ce danger écologique. La survie de leur modèle économique en dépend. Leur puissance et leur rang aussi. Ainsi, en août 2017, comme promis lors de sa campagne électorale, Trump a signé à l’ONU, le retrait des Etats-Unis du traité international de lutte contre le réchauffement climatique, plus connu sous le nom d’accord de Paris.

Christine Lagarde en personne, Directrice générale du FMI, mettait en garde le monde contre l’inaction face au changement climatique et aux inégalités, lors d’une conférence économique à Ryad, le 24 octobre 2017 : « Si nous ne traitons pas ces questions (…) nous serons confrontés à un avenir sombre ». Christine Lagarde me réconfortait donc dans mon analyse et dans mes craintes. Pas de réponse possible à ces questions essentielles sans remettre en question le système économique auquel elle participe de l’intérieur.

Un système fondé sur l’endettement entaché d’usure, sur la consommation, et sur l’exploitation des plus faibles par les ultras riches. C’est comme si un pyromane nous mettait en garde contre les nombreux feux que sa confrérie lance dans le monde depuis des siècles.

Il ne sert à rien de parler d’écologie si nous ne remettons pas en question notre monnaie fondée sur l’endettement des ménages. Mais cette cause est perdue d’avance. Le système bancaire et les États-Unis, qui profitent de cette manne, règnent en maître sur ce monde. Il faut donc prendre son mal en patience, et attendre que l’irréparable se produise pour enfin se faire comprendre…

Anice Lajnef

Anice Lajnef, responsable trading dérivées actions dans plusieurs grands établissements financiers.

Ancien responsable trading dérivées actions dans plusieurs grands établissements financiers, Anice Lajnef écrit sur la finance notamment. Il analyse les problématiques actuelles socio-économiques entre Londres et Paris et prône une économie équitable et responsable.

Comments (1)

  • Avatar

    Soussou3060

    Excellente analyse de ce système qui nous mène tout droit au désastre ecoligique mais qui nous a aussi causé d’innombrables guerres , directes ou financées, injustifiées au nom de ce sacro-saint Dollar.
    Ces Ayatollahs de la finance sont responsable de tant de morts……

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