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Leïla-Sabrina Yahia, la politique par conviction


Elle aime la poésie perse et se serait bien vue poétesse en Andalousie, une région qui la fascine. Mais Leïla-Sabrina Yahia, Avignonnaise, rattrapée par les réalités de terrain, a opté pour une carrière en droit et un engagement politique.

Fraîchement élue secrétaire nationale de l’UDI, cette juriste conjugue actions et convictions. Experte du logement, du droit des femmes et des migrants, elle égrène ses compétences au service des causes qui l’interpellent.

« Je ne suis pas un cliché ». Le cv de Leïla-Sabrina Yahia le prouve à chaque ligne. Après des études classiques dans le public, elle s’inscrit en fac de droit suite à quelques pérégrinations. « Je suis une passionnée d’Histoire, je voulais étudier cette matière à l’université.

Mais mon père, professeur de fac ne voyait pas de débouchés sauf à faire de la recherche. Je n’avais pas vraiment de projet en Histoire. Au grès des rencontres et des conseils, je suis allée en droit ». Son choix n’est pas le fruit de la résignation.

« « L’histoire du droit, c’est juste magnifique. On remonte à la genèse du droit… », lance t-elle, le ton presque ému. Elle obtiendra un master 2 en droit européen.

« J’avais fini le cursus et comme je ne voulais pas faire l’école du barreau », elle enchaine alors avec un master de cadre supérieur en structure sociale. « Le domaine social m’intéresse au regard du droit ». Tout est lié.

La presse comme tremplin

Après une licence d’économie à la faculté d’Avignon, Leïla-Sabrina Yahia, véritable touche-à-tout, entame une carrière en journalisme. « Un jour en me réveillant, je voulais trouver un job intéressant.

J’ai postulé à Vaucluse matin ». Elle aime écrire, la presse et donner du sens à son travail.

La rédaction la jette dans le grand bain d’emblée avec un sujet improbable. « On m’a dit, tu vas faire la fête de la tomate.

Quand on fait une pleine page sur la fête de la tomate on peut écrire sur tout ! », s’amuse t-elle dans un éclat de rire. « J’ai associé l’écriture et le terrain, j’ai rencontré de nombreuses personnes ».

Mais tout le monde peut-il s’improviser journaliste ? « Je me suis lancée. J’avais une méthode assimilée en droit et je pense une écriture fluide ».

Au-delà du talent rédactionnel, Leïla-Sabrina Yahia, unique fille au milieu de 3 frères, est téméraire et pleine d’audace. « Quand on me ferme la porte, je passe par la fenêtre. J’ai tout fait au culot ».

Après 2 années passées à Vaucluse matin, elle enchaine dans une radio étudiante en animant une émission musicale. « Au programme, jazz, rap underground et groove. Je me suis éclatée pendant une année ».

S’engager pour déranger

Son passage à Vaucluse matin ne passera pas inaperçu. « J’ai publié un article, signé Y.S.L (ndlr : Yahia Sabrina-Leïla), très critique envers la mairie de Carpentras ».

Son irrévérence fait mouche, l’édile voit rouge. « Le directeur de cabinet me convoque, s’ensuit une discussion très houleuse. Je pointe, notamment, l’absence de pluralité dans les postes de la mairie ».

L’homme proteste. Leïla-Sabrina Yahia l’invite à regarder l’organigramme. « J’avais raison. Quelques temps après, il me contacte pour un poste de juriste que j’accepte mais après un an, j’en ai eu assez. » Ses compétences semblent, pourtant, précieuses.

Batailler pour le logement digne

« Le maire me donne, alors, carte blanche pour travailler sur le logement ». Une opportunité pour faire avancer des sujets qui lui tiennent à cœur.

« J’ai ramené les compétences du centre d’actions sociales pour tour centraliser. Pendant 8 ans, nous avons mis en place une politique de peuplement en faveur de la mixité sociale, notamment ».

Ses équipes remportent même le concours PNRQUAD de l’Agence nationale de la rénovation urbaine. « On a ramené 18 millions d’euros à la ville pour lutter contre le mal logement, l’habitat indigne ou pousser à la mixité sociale ».

Entrepreneure de frère en soeur

Leïla-Sabrina Yahia a plusieurs cordes à son arc. « Avec mon frère, nous avons lancé une société en import-export en produits informatiques.

On achète des ordinateurs, par exemple, en Turquie ou en Chine. On les reconditionne en France ou au Royaume-Uni pour la valeur ajoutée ensuite on les revend en Afrique, Sénégal principalement ». Une activité qui tourne malgré les obstacles en France…

Justement, elle déplore l’absence d’accompagnement pour les nombreux entrepreneurs en herbe dans les quartiers. « Quand on lance sa boite à moins de 30 ans comme nous, croyez moi, il y a des nuits où vous ne dormez pas.

Les jeunes ne connaissent pas les dispositifs publics pour être aidés », déplore t-elle avant de vanter l’entrepreneuriat comme moyen de se dépasser. »

Elle qui n’a pas grandi dans un quartier s’est confrontée à leur réalité à travers le logement. «Je pense que la clé, c’est vraiment l’emploi ! Sans travail, on peut mettre en place des politiques mais cela ne servira à rien. Or, il y a un gros potentiel dans les quartiers. »

Partis politiques ou listes citoyennes

Leïla-Sabrina Yahia, centriste de la première heure, croit justement aux vertus du travail et « du dépassement de soi ».

Si elle s’est longtemps interrogée sur l’intérêt de rejoindre un parti, elle a fini par adhérer à l’UDI. « Oui, il y a un plafond de verre, oui c’est clanique mais je pense que nous sommes une génération de transition. Cet engagement sera utile aux plus jeunes… »

En juin dernier, elle participait au lancement du think-tank, France Fière, dédié à la droite dans les quartiers populaires. « J’en suis membre- fondatrice, responsable de la région PACA.

Je sais qu’il y a un racisme dans tous les partis mais je ne m’enferme pas dans le regard de l’autre. » Sur les listes citoyennes, Leïla-Sabrina Yahia, qui les soutient, pointe « la bouffée d’oxygène et la nécessité qu’elles représentent avant de rappeler que la Ve république est faite pour les partis, malheureusement ».

A droite ou en indépendant, « ils devront composer avec nous car nous sommes une composante de la France ».

Pour les élections régionales, la trentenaire a fait acte de candidature. « Ce sera très difficile en PACA. » Concernant les partenariats avec Les Républicains, « je pense que les candidats UDI seront des garde-fous pour contrer la droite dure ».

Si l’UDI peine à se faire identifier comme force politique, Leïla-Sabrina Yahia compte bien faire entendre sa voix. « Nous sommes capables de tenir des positions fermes », tonne cette militante, également, impliquée pour le droit des femmes. « Nous devons parler à tout le monde et prendre notre place ! »

Raconter, analyser, avancer.

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