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Migrants: La solidarité des citoyens de Névache: Marcello (4/7)

#HérosOrdinaires

Près de la frontière italienne, les habitants de Névache (Hautes-Alpes) redonnent un sens au mot solidarité en aidant des migrants. Melting Book vous propose de découvrir, à partir du lundi 26 mars, ces portraits réalisés par Fanny Genoux et Camille Pouyet. 

Marcello vient d’un petit village de Corse, dans les montagnes. Il y a une dizaine d’années ce sont celles de la Clarée qu’il a choisi pour poser ses valises et monter une petite épicerie à l’entrée de Névache, en compagnie de Raquel.

L’épicerie tourne bien, les touristes comme les habitants passent quotidiennement acheter leur pain, le journal et bavarder avec le patron au caractère bien trempé, qui est aussi accompagnateur en montagne.

Ce jour-là, Marcello interrompt ses livraisons pour nous proposer un café à la Coccinella, le restaurant juste à côté. D’emblée, son nationalisme corse est brandi comme la plus simple explication à son refus de se soumettre aux autorités françaises.

Et pour cause : Marcello raconte, excédé, les contrôles policiers quotidiens sur la route de Briançon, pour l’ouverture du coffre.

Pour lui aussi, « la pression policière est trop forte ». Sur cette épineuse question du transport des migrants à Briançon, il ne comprend pas que les citoyens soient arrêtés alors qu’ils font ce que les autorités se refusent d’assumer.

« C’est pas à nous de gérer ça » dit-il, « La solidarité, le civisme, c’est toujours le peuple, les gens d’en bas ! Ici les citoyens se substituent au gouvernement ! ».


Notre interlocuteur corse est remonté. Il est évident que la fierté de l’insulaire ne se confond pas chez lui avec le repli sur soi, sur la communauté. Il estime au contraire que les migrants sont les bienvenus, et qu’il est normal de les aider :

« On peut le faire, on le fait. J’ai été éduqué comme ça, la porte est toujours ouverte, si quelqu’un frappe à la porte, on sort l’assiette. Partager, aider les gens ça coûte rien, chez moi (dans mon épicerie) ils prennent ce qu’ils veulent » nous déclare-il, un sourire se dessinant alors sur son visage.

C’est que l’anecdote à circulé : un jour, un gendarme est venu dans son épicerie accompagné d’un migrant : « il vient payer ce qu’il doit ».

« J’ai dit non, non, il paie rien, c’est gratuit pour lui et d’ailleurs c’est gratuit pour toi aussi. Je suis dans mon magasin je fais ce que je veux » a répondu alors Marcello, encourageant alors le migrant à prendre ses jambes à son cou.

Alors bien sûr, le mot est passé maintenant, les migrants savent qu’ils vont trouver chez Marcello et Raquel de la nourriture gratuite, mais celui-ci s’en fiche :

 « Les aider, ça m’apporte de la propreté dans mon esprit et dans mon cœur » dit-il.

Interrogé sur ce que cette situation a changé à Névache et sur les réactions de peur, de racisme de certains face aux migrants, Marcello répond, amer : « Le racisme à Névache ? Explique-moi, 30% de FN à Névache ? Mais on a peur de quoi ? Les médias et Internet ont réussi à nous diviser ! ».

Selon lui, l’arrivée des migrants dans la vallée « a affirmé les caractères et les positionnements ». Gageons que les siens n’en avaient pas besoin !

Fanny Genoux et Camille Pouyet

Lire les portraits de la série #HérosOrdinaires :

Migrants: La solidarité des citoyens de Névache

Migrants: La solidarité des citoyens de Névache: Jean Gabriel (1/7)

Migrants: La solidarité des citoyens de Névache: Olivier (2/7)

Migrants: La solidarité des citoyens de Névache: Elsa & Heidi (3/7)

Migrants: La solidarité des citoyens de Névache: Marcello (4/7)

Migrants: La solidarité des citoyens de Névache: Bruno (6/7)

Migrants : La solidarité des citoyens de Névache: Bernard (7/7)

Raconter, analyser, avancer.

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