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Ces héros qui hébergent gracieusement des migrants

Brice Wong, 83 ans, est le genre d’homme qui a soif de justice sociale. Né dans la province de Guangdong au sud de la Chine, il aime évoquer les traités inégaux, les bombardements japonais et américains, ou la révolution vietnamienne qu’il a soutenue pour décrire son pays d’origine.

Il part pour la France à l’âge de 18 ans, où il passe son bac et intègre l’école centrale. Brice Wong rejoint les rangs du syndicat étudiant Unef.

« C’est là que j’ai rencontré mon épouse Michèle », sourit-il. Il sera aussi objecteur de conscience pendant la guerre d’Algérie. À son retour, il est embauché comme ingénieur en hydraulique par EDF et s’installe dans le siège des grands barrages, la Savoie. Il réalise de son plein gré plusieurs stages ouvriers :

« J’ai constaté que l’équipe était majoritairement composée de travailleurs étrangers », confie le franco-chinois. C’est en côtoyant 14 nationalités différentes qu’il se « sensibilise aux problèmes d’immigration ».

Une adolescente adoptée et de nombreux réfugiés logés

Le couple s’installe à Chambéry en 1964, et vit l’arrivée de réfugiés eurasiens et vietnamiens dès les années 1975. Avec cinq enfants à charge, Brice et Michèle Wong commencent par adopter une jeune de 17 ans. « Nous ne savions pas vraiment d’où elle venait… », expliquent-ils. Ensuite, vient le tour d’un Chinois, qui restera chez eux un an.

« Il est aujourd’hui le gérant du restaurant Le Pékin à Chambéry », se réjouit Brice Wong. Une de ses filles hébergera aussi une jeune réfugiée pendant un an en 2010. Par la suite, il hérite de ses parents un appartement, qu’il laisse à “Habitat humanisme” quelque temps. Il ne tardera pas à le récupérer pour le mettre à disposition des demandeurs d’asile de la Savoie. Combien en a-t-il accueilli jusqu’ici ? Difficile pour lui de faire le compte.

À ce jour, c’est une famille arménienne qui y séjourne depuis un an. « Pour moi, c’est avant tout une question de dignité ». Il l’admet lui-même, ce n’est pas facile tous les jours. « Cela impacte ma vie quotidienne et personnelle, mais je continuerai car la mobilisation est importante. » Et pour poursuivre le combat, il a cofondé l’association “Savoie solidarité migrants” en août 2015, qui participe à l’accueil de douze familles déboutées (soient 50 personnes) en Savoie.

Nejma Brahim

 

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