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Football. Le crépuscule de Vincent Duluc

[#Billet d’humeur]

J’ai appris à lire avec L’Équipe. Les jours de match et les lendemains de victoire de l’Olympique lyonnais, l’achat du journal était obligatoire. Et puis, la coupe du monde de football en Afrique du Sud-Est arrivé en 2010. Je n’ai plus jamais racheté le journal depuis cette année.

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L’insulte d’Anelka à l’encontre de Raymond Domenech à la Une du journal m’a écoeuré. Je me suis revu avec ma pièce de 5 francs, enfant, partir acheter le journal pour mon père. Je me suis imaginé lui lire cette une. Quelle honte.

S’en est suivi le bus de Knysna. Depuis ce jour-là, Vincent Duluc, journaliste sportif en charge se l’équipe de France à l’époque, a un contentieux avec Patrice Évra. C’est Évra qui était le capitaine quand les joueurs ont refusé de descendre du bus. C’est Patrice Évra qui a cherché la fameuse taupe. Vincent Duluc achève le joueur aujourd’hui en le livrant à ses lecteurs. Est ce encore du journalisme ?

Évra a craqué après quatre mois d’insultes quotidiennes. Oui, ce joueur fait une année de trop à l’OM. Oui, il se met en difficulté avec son arrogance qu’il expose sur Instagram.
Oui, son geste est condamnable. Il a frappé un supporter de l’OM venu en découdre avec lui sur le terrain. Il a fauté, mais il ne mérite pas ce lynchage.

Non Vincent Duluc, on ne peut jeter à la vindicte populaire ce joueur comme vous le faites quand on se déclare journaliste.

Cette Une de L’Équipe associée à un édito à charge  (intitulé Le Crépuscule) ressemblant aux réquisitions d’un procureur, ce n’est pas du journalisme. Une page double d’élucubrations sur un coup de pied non plus.
Non encore, on ne peut pas dire qu’il est plus honorable de frapper un supporter de l’équipe adverse comme l’avait fait en son temps Cantona. .

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Depuis 2010 , Vincent Duluc et ses amis de L’Équipe font passer les ventes de leur journal au-dessus de l’éthique et surtout du sport. En 2010, en Afrique du Sud, le journal a clairement sa part de responsabilité dans ce fiasco. Cette “une” condamnait l’équipe de France » ruminait l’un des joueurs présents. Comble de l’ironie, alors que le journal a provoqué une crise profonde dans cette équipe de France en 2010, Vincent Duluc a osé faire un livre sur cet épisode malheureux du foot français (Le livre noir des bleus). C’est quand même gonflé.

La bande à Duluc a donc transformé le quotidien sportif en vulgaire tabloïd.

On a aussi pu le constater lors de l’affaire de la sextape avec Benzema et Valbuena lorsque le journal choisit de publier uniquement les passages à charge de la conversation entre Karim Benzema et son ami d’enfance. Quand un journal ne respecte pas les règles élémentaires de la déontologie, il se transforme en organe de propagande. C’est ce tournant que prend L’Equipe depuis une quinzaine d’années. En cristallisant les problèmes de la société française, le journal sportif fait le choix clairement d’amplifier ces maux en jouant aux procureurs de comptoirs pour plaire finalement à une certaine France. Aucune mise en perspective, aucune nuance, on préfère allumer le feu pour vendre et oublier un temps le sport.

Je ne lis plus ce journal. D’autres médias sont tellement au-dessus.

« La vieillesse est un naufrage » affirme Vincent Duluc en parlant d’Évra dans son édito. C’est peut être vrai pour Évra, mais c’est sans aucun doute le cas pour vous aussi M. Duluc.

À 55 ans, il faudrait peut-être passer le témoin et consacrer votre temps à écrire des épopées ou des biographies d’illustres joueurs du siècle précédent. Vous êtes certainement meilleur dans ce registre ou alors revenez aux fondamentaux. Quand j’étais gône, je lisais aussi le Progrès de Lyon les lendemains de match de l’OL et un certain Vincent Duluc décernait un nombre de ballons aux joueurs en fonction de leurs performances. Parlez de ballons ronds M. Duluc et je pourrais enfin envoyer mon fiston acheter votre journal un lendemain de victoire de l’Olympique lyonnais, comme ce fut le cas, hier soir .

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