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Quitterie de Villepin: #MaVoix à l’Assemblée Nationale


A 38 ans, Quitterie de Villepin est une activiste de la première heure. Ancienne du Modem, elle renonce à un avenir politique prometteur par pure intégrité.

Après plusieurs années en retrait de la vie politique, elle revient doucement avec un nouveau projet citoyen, Ma Voix. L’idée? Faire élire des anonymes à l’Assemblée Nationale tirés au sort lors des débats organisés par le collectif.

A l’aune de la présidentielle de 2017, elle poursuit son engagement en faveur, notamment d’une mode éthique. Pour, comme elle dit, « me mettre en cohérence avec mes valeurs ».

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Sticker #MaVoix


En 2009, le Modem lui offrait une tête de liste aux européennes sur un plateau d’argent. Quitterie de Villepin aura l’outrecuidance de refuser.

« Au moment où je dis non, les sondages nous donnaient gagnants sur la circonscription en question ». Un choix qu’elle ne regrette pas, 6 ans après. Et qui a suscité une palette de réactions dans le parti. A commencer par François Bayrou lui-même déstabilisé par la décision de la jeune femme.

En finir avec la médiocrité

Mais chez Quitterie de Villepin, la politique est trop importante pour être laissée aux mains des politiciens. « Je ne voulais pas leur ressembler », lance t-elle.

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Photo/Didier Fradin


Peu à peu le collectif tisse sa toile. Dernièrement, #MaVoix quartier latin était lancé pour sensibiliser le cœur de Paris.

Si les années ont passé depuis, ses convictions restent intactes. Son jugement sur l’arène politique et ceux qui y déambulent est implacable.

« Au lieu de faire de ces mouvements des écoles d’apprentissage, ce sont des écoles où la part la plus sombre de l’être humain s’exprime », assène t-elle, tranchante. Les compromis, elle ne connaît pas vraiment. La langue de bois non plus.

Pour elle, l’incarnation des mouvements politiques est au cœur du sujet, celui de la confiance à retisser entre les citoyens et les politiques. Mais pas à n’importe quel prix.

« Il y a un vrai travail à faire sur le terrain ». Si depuis 2009, Quitterie de Villepin a pris ses distances avec ce milieu, elle s’est pas mal frottée au terrain par le passé. « J’étais pas mal dans les quartiers avant les présidentielles de 2007 pour l’inscription sur les listes électorales », se rappelle t-elle.

Aujourd’hui, elle se sent presque coupable. « J’ai pris du temps pour leur parler d’un truc (ndlr la politique) qui ne leur apportera rien », reconnaît-elle.

Et d’ajouter, « j’ai fait des années de réunions politiques ces dernières années. A part de belles rencontres, qu’en est-il ressorti ? » Une honnêteté décontenançante de la part celle qui a beaucoup fréquenté cet univers comme militante ou assistante parlementaire.

Lier les actes à la parole

Aujourd’hui en retrait, cette maman de 4 enfants, trouve du temps pour ses engagements en faveur d’une mode éthique. En 2013, la tragédie du Rana Plazza du 24 avril 2013, immeuble de Dacca (Bangladesh) qui abritait des ateliers de confection de plusieurs marques internationales, la bouleverse.

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Tragédie du Rana Plaza au Bangladesh, 4 avril 2013
(Photo/L’expansion)


1135 personnes y perdent la vie. « J’étais déjà engagée dans ces questions, je suivais le Bengladesh depuis longtemps mais là j’ai utilisé les réseaux sociaux pour mettre les grandes marques face à leurs responsabilités ».

Elle commence à interpeller les marques comme des centaines de twittos. « Primark indemnisera, Auchan se défausse. Je creuse le sujet et me met en contact avec des gens qui veulent faire sortir la vérité ».

A son grand étonnement, c’est un journaliste de BFM qui extirpe un sujet sur les vêtements Auchan retrouvés dans les décombres… » Après la catastrophe, la Britannique Carry Sommers, lancera la Fashion Revolution Day auquel Quitterie de Villepin s’associe pour la version française.

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Campagne de la Fashion Revolution Day


Les internautes des 68 pays participants sont invités, chaque 24 avril, à inonder les réseaux sociaux avec une étiquette de vêtement autour du hastag #whomademyclothes (qui a fabriqué mes vêtements).

Un engagement que Quitterie de Villepin décline dans son quotidien. Elle a quitté la Société générale pour une banque éthique, a réduit sa garde-robe pour s’habiller équitable et s’éclaire chez Enercoop.

Prochaine étape ? Le retour à la politique avec un mouvement qu’elle va créer. « L’idée sera de se concentrer sur une élection tout en formant les citoyens à l’engagement politique », explique t-elle.

Elle veut en finir avec les chèques en blanc « offerts » aux politiques. « Nous allons aider les citoyens à récupérer leur capacité de décision ». Un objectif qui s’accentue avec l’émergence des (nouvelles) ambitions présidentielles des uns et des autres…

Nadia Henni-Moulaï

Photo de Une/W(e)Talk

Raconter, analyser, avancer.

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