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Rania Belkahia : « Grâce à notre double culture, on est en d’avoir un véritable impact sur l’avenir de l’Afrique »

Créée en mars 2013, Afrimarket est le premier service de transfert d’argent vers l’Afrique qui sécurise les paiements. Afrimarket utilise une technologie de pointe et une solution innovante pour permettre aux utilisateurs de régler directement depuis l’Europe toutes les dépenses alimentaires, de santé et de scolarité de leurs proches en Afrique. Une véritable réussite professionnelle que l’on doit à Rania Belkahia, 29 ans, co-fondatrice. Entretien.

Avant de parler de la formidable aventure entrepreneuriale que vous connaissez avec Afrimarket, parlez nous un peu de vos, votre parcours…

Je suis née à Casablanca en Maroc, le 26 novembre 1989, je viens donc de célébrer mes 29 ans. J’ai suivi mes études au Maroc, au lycée français ou j’ai passé mon bac avant de partir suivre des études supérieures eu France.

Une formation d’ingénieur à Télécom Paris Tech que j’ai complété avec un master en entrepreneuriat à HEC. Parce que je savais déjà que je voulais entreprendre.

Pendant un stage chez Télécom Paris Tech, j’ai  rencontré mon futur associé Jérémy Stoss, avec qui on a travaillé ensemble sur le développement de la fibre optique en Afrique et une des premières personnes à rejoindre l’équipe, Aboucar Silue.

Vous dites que vous envisagiez déjà d’entreprendre. Pourquoi ce choix, né très tôt apparemment chez vous ?

En réalité, pour moi l’entrepreneuriat n’a pas été un choix dans la mesure où c’était une évidence, quelque chose de naturel.  Plutôt un instinct. Quand j’étais petite je disais que plus grande je serais « inventeur ».

J’avais envie de créer, d ‘apporter de la valeur ajoutée, d’analyser un marché, d’où le choix du master en entrepreneuriat à HEC.

Marocaine, vous auriez pu décider de lancer la société chez vous, pourquoi en France ?

Par soucis d’opportunité. Mes associés étaient ici, les premiers investisseurs également. Surtout, il y avait le volet diaspora. Il était plus logique pour nous de démarrer en France. Un positionnement stratégique.

Ce sont les volumes des transferts de fonds de la diaspora vers l’Afrique, jusqu’à quatre fois l’aide au développement selon les études, qui ont donné naissance au concept Afrimarket ?


Tout à fait. L’idée est venue en regardant le marché du transfert d’argent, souvent trop cher et compliqué. Toutes les personnes interrogées manifestaient également les soucis de pouvoir offrir des produits de qualités à leurs proches et la garantie que les fonds transférés, pour lesquels ils ont durement travaillé, seraient bien dépensés.  

Il fallait donc proposer une solution alternative et qui garantisse que la famille allait non seulement recevoir sans argent mais également avoir accès à des produits de qualités, avec l’assurance qu’ils arriveraient à bon port, sans passer par des intermédiaires, et à des coûts accessibles au plus grand nombre.

C’est l’esprit d’Afrimarket, un gage de qualité et un accès facilité au plus grand nombre. Souvent l’Afrique est défavorisée en matière de qualité justement sous prétexte que c’est l’Afrique. Moi je suis Marocaine donc Africaine, j’avais ce souci d’offrir un service adéquat. Avec cette touche d’optimisme africain qui montre que même si on face à des montagnes tout est possible !

Où en est la société justement ? Quel est votre positionnement sur le marché du e-commerce en Afrique ?


Afrimarket est un des leaders du E- commerce, avec une présence dans cinq pays, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Benin, et le Mali. On propose notre service depuis le reste du monde vers ces pays. De la diaspora, Paris ; New, Bruxelles, on peut acheter nos produits sur notre site, vers ses pays.

Avec des délais de livraison apparemment imbattables. En cinq jours ? Comment faites vous ?

Premièrement, parce que l’on propose sur notre site un échantillon de dix milles produits déjà disponibles sur le territoire. Des produits locaux sélectionnés minutieusement chez les meilleurs fournisseurs.

C’est pourquoi on se positionne comme une plateforme africaine. Le meilleur produit au meilleur prix. On a un cahier des charges très précis, et on est très vigilants sur le choix des fournisseurs.

Et même si un produit arrive défectueux, ce qui peut arriver, nous avons un service après vente qui fait le nécessaire.  Deuxièmement, parce qu’on a internalisé toute la chaine logistique. Nos camions, nos tricycles, nos motos… ce qui nous permet de livrer partout.

C’est compliqué, je ne le cache pas, mais on livre partout. On veut le dire et on veut l’être :   une plateforme commerçante de produits de qualité et accessible à tous. Et démontrer au passage à tous que c’est possible.

Et je peux vous dire que quand nos livreurs arrivent au village ils sont accueillis en grande pompe. C’est souvent la première fois qu’ils sont livrés… La plupart de nos clients achètent pour la première fois sur un site de E-Commerce.

Comment rentre la plateforme accessible au plus grand nombre quand on sait que le taux de bancarisation et encore faible sur le continent et donc que tout le monde ne dispose pas de carte bancaire pour réaliser des règlements en ligne. Vous avez opté pour le mobile banking ?


Oui déjà, le paiement mobile mais également le règlement à la livraison. En espèce. Avec très peu, il faut le souligner de retour de non règlement. Parce qu’on fait un filtrage assez précis, en amont.

L’essor de la classe moyenne, c’est votre target ?


Oui très clairement. Avec un panier moyen très élevé en Afrique, la classe moyenne africaine émergente et la diaspora, c’est notre cible. Dès le départ, on ne voulait pas se limiter à la diaspora mais élargir à tous les Africains.

A ce titre vous vous êtes adapté aux habitudes de consommation locale : vous livrez tout type de produit, de la télévision plasma au sac de riz en passant par le mouton de tabaski…


Ou c’est extrêmement varié. C’est le choix de l’hyperlocalisation, l’africanité jusqu’au bout. Et effectivement, nous avons des temps forts dans le calendrier, des bœufs pour le magal, des moutons pour tabaski, des cadeaux pour Noel…

Et tout cela, cela représente quoi en terme de chiffre d’affaire ?


Ce que je peux vous dire c’est qu’on livre quelques milliers de colis tous les mois. On a levée 15 millions d’euro depuis le début. Pour nos infrastructures, nos outils, une super application logistique adaptée à nos besoins…

Ce qu’on a pu faire parce que plusieurs investisseurs nous ont fait confiance. Orange est entré dans notre capital très tôt. Le fondateur de Free, Xavier Niel également nous a suivi, le site Ventreprivee.com, et des fonds d’investissement.  Aujourd’hui nous avons 110 employés, et 80 % de nos effectifs en Afrique, avec des bureaux dans chaque pays d’opération.

Alors que le continent est en pleine évolution, sur le plan du digital notamment, vous n’allez pas vous arrêter à ces cinq pays. L’Afrique c’est 54 pays…


Effectivement l’Afrique c’est 54 pays. On aimerait bien sûr être dans chaque pays. Dans un premier temps on s’est concentré sur la zone qu’on connaissait le mieux, avec en plus une croissance du PIB, tous les indicateurs de croissance au vert, et une augmentation notable du rital dans chaque pays.

L’arrivée d’Auchan par exemple au Sénégal avec 22 magasins, de nombreux centres commerciaux qui démontrent  que la demande est là et dans chacun de ces pays une digitalisation très frappante. En deux ans, le nombre de connexion à Facebook a doublé…

Il y avait un flux  de la diaspora très important vers l’Afrique de l’Ouest, il était plus facile de les capter. Mais on envisage effectivement d’aller vers d’autres pays, le Maghreb etc…

Vous n’êtes pas les seuls ceci dit sur le marché. Le secteur de l’E-commerce est en plein essor…


Incontestablement, avec un marché qui affiche entre 10 et 20% de croissance, des primo acheteurs qui achètent pour la première fois, désireux d’acheter, une fois qu’ils ont testé, ils commandent à nouveau. Il y a une vraie place pour le E-commerce en Afrique.

Ce qui fait votre différence, c’est votre Africanité justement alors que le monde entier aujourd’hui s’intéresse à l’Afrique, un continent en mutation, en pleine ébullition…


L’évolution du continent est super favorable ! Ce qui laisse la place à pleins de jeunes entrepreneurs qui croient en leur chance et se donne les moyens de leurs ambitions.

L’Afrique aujourd’hui tout le monde en parle par rapport aux indicateurs économiques, mais il y a encore des pages blanches à écrire. Nous, grâce à notre double culture qui nous permet d’avoir cette compréhension et cette connaissance du terrain, on est en mesure d’écrire ces pages et d’avoir un véritable impact sur l’avenir de l’Afrique.

Propos recueillis par Dounia Ben Mohamed

Pour en savoir plus : https://afrimarket.fr

Raconter, analyser, avancer.

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