Goundo Diawara est militante associative. Pointant la responsabilité de certains dans la montée du FN, elle fustige les injonctions à « faire barrage » à Marine Le Pen.

« Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs », Nelson Mandela.

Quel que soit celui que vous ferez, gardez à l’esprit que votre vote (ou son absence) n’est pas responsable de la montée de l’extrême-droite : c’est la politique menée depuis plusieurs années par les partis qui se sont succédés au pouvoir qui l’est.

Car il ne fait aucun doute aujourd’hui que les formations politiques dites « traditionnelles » à la tête de l’État durant les deux derniers quinquennats ont vu se succéder des personnalités qui, avec le concours de certains médias, ont été les plus efficaces chevilles ouvrières de la banalisation du Front national.

Il n’y a pas de raison que cette responsabilité soit partagée.

Moins encore que ce soit à nous, citoyens, d’en résoudre les dommages alors même que certains d’entre nous en payent le tribut de la manière la plus violente qui soit.

En aucun cas il n’est de votre devoir de « faire barrage » à ce flot d’idées fascistes et racistes porté par la moitié des candidats de ce scrutin absurde, alors que c’est l’autre moitié de ces mêmes candidats qui lui a permis d’exister et même fait grandir, dans l’objectif pervers de se présenter comme légitime alternative à ce même mal.

Car ils sont bel et bien les premiers à qui profite l’impasse dans laquelle ils vous conduisent « à l’insu de leur plein gré » en vous obligeant à choisir entre eux et une extrême-droite à qui ils n’ont pourtant pas honte d’emprunter nombre de leurs idées.

Ne cédez pas au chantage qui consiste à trahir vos convictions par peur de l’épouvantail du « pire », alors que le « meilleur » (que vous méritez) ne fait pas partie du panel de choix que l’on vous offre.

Lorsque les politiques font du droit de vote un devoir de « faire barrage » par peur que le torrent de boue dont ils sont eux-mêmes à l’origine finisse par les emporter aussi, c’est que ce système politique n’a plus aucune raison d’être.

Votre vote mérite mieux qu’une prise en otage morale quinquennale, car il n’a de sens qui s’il est un CHOIX partisan, une démarche volontaire, un engagement… pas un acte qui repose sur la peur et la culpabilité de ne pas être parvenu à défaire le travail de représentants politiques peu scrupuleux.

Le seul objectif de ces derniers restant l’accession au pouvoir pour le maintien de leurs privilèges, peu leur importe que cela se fasse au prix de votre exclusion.

Ainsi, si voter est assurément votre droit, vous en abstenir l’est tout autant : il est parfaitement légitime de ne pas vouloir choisir et départager vos ennemis.

D’autant plus que personne dans l’histoire du monde ne s’est jamais battu à en risquer la mort pour avoir « le droit » de choisir entre la peste et le choléra.

Soyez donc tranquilles sur la légitimité de votre choix de voter blanc ou de ne pas voter du tout, dès lors qu’aucun des candidats ne vous donne satisfaction.

Les prétendus puissants ne se mettront à trembler que lorsqu’ils nous verront capables de contester une légitimité qu’ils ont jusqu’ici obtenue par un chantage insidieux et malhonnête.

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » : ne vous laissez pas convaincre que ce changement n’appartient qu’à celles et ceux qui ont confisqué la Res publica, littéralement la ‘chose publique’, pour en faire un instrument indigne, injuste et inégalitaire.

L’échéance électorale n’est qu’une mise en scène grotesque pour vous faire croire que votre pouvoir est limité à ces deux coups de tampons sur votre carte alors que chaque jour qui s’offre à vous est en réalité une occasion de combattre avec vigueur leurs idées et leurs conséquences, et de construire d’autres espaces de soin et d’élévation des nôtres.

Il n’est pas sain d’attendre que le salut vienne d’une carte électorale capable de se retourner contre vous.

Seule la lutte libère : le choix de vos armes vous appartient. #PowerAndKnowledgeToThePeople

Goundo Diawara