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« Avec ce Brexit, le Royaume-Uni ne sortira pas (vraiment) de l’Union européenne »

[#UK]

Le feuilleton britannique continue. Au Royaume-Uni, toute l’attention est rivée sur les conditions de l’accord sur le Brexit. Éclairage depuis Londres, avec Nabila Ramdani, journaliste et éditorialiste basée en Grande-Bretagne. Elle nous explique les conditions du « soft deal » qui se dessine.

Q : Décrivez-nous la situation depuis Londres après le rejet de l’accord Brexit proposé par Theresa May ?

Nabila Ramdani

Cela s’annonce compliqué, c’est la pagaille !

C’était pratiquement certain que le deal tel que Theresa May allait le présenter au parlement britannique allait être rejeté, mais cela ouvre un certain nombre de possibilités.

Par exemple, le député conservateur pro-européen, Dominic Grieve, fait du “forcing” car il ne souhaite pas que la Grande-Bretagne sorte de l’UE.

Q : Le Royaume-Uni se dirige-t-il vers une version édulcorée du Brexit ?

À mon avis, il y a une grande majorité de députés conservateurs qui vont vouloir un meilleur deal, mais cela risque de mener au statu quo : c’est-à-dire que la Grande-Bretagne va conserver des accords déjà en place sur la libre circulation des peuples, des marchandises etc. et va vouloir faire en sorte que les traités commerciaux, surtout, restent en place.

En somme, ils ne veulent pas beaucoup de changements.

Ce que la majorité des députés souhaitent éviter – mis à part les “Brexiteers” les plus farouches – c’est qu’il n’y ait pas d’accord du tout. Au mieux, ils demanderont à repousser la date butoire du 29 mars 2019.

« Les relations commerciales sont la priorité de tous les pays européens concernés. »

Q: Cette défaire de May, l’opposition s’en frotte les mains…

R: Les travaillistes ont quant à eux un autre agenda – ils veulent des élections anticipées car ils voient une brèche qui s’ouvre et une possibilité pour que le parti Travailliste revienne au pouvoir.

Sans parler de ceux qui veulent un second référendum.

Il y a donc différents groupes qui ont différents intérêts. La seule certitude en ce moment, avec ou sans accord, est la date du 29 mars 2019 – date de sortie de la Grande-Bretagne de l’UE qui a été inscrite dans la loi par le gouvernement conservateur.



Q : D’un point de vue business, comment la France va-t-elle appréhender ce nouveau deal ?

Les relations commerciales sont la priorité de tous les pays européens concernés. Pour ce qui est des rapports franco-britanniques en particulier, je doute qu’Emmanuel Macron souhaite compromettre les intérêts des grands groupes français au Royaume-Uni tels qu’EDF ou de grandes compagnies pharmaceutiques ou de traitement des déchets, par exemple.

De la même manière, je ne pense pas que les deux pays vont introduire des visas à l’entrée de l’Eurostar ou aux frontières franco-britanniques. Ce serait totalement ridicule.

M. Macron a d’ailleurs déjà créé une ‘administration Brexit’ au sein de l’Elysée pour éviter les encombrements aux abords des ports, par exemple.

Propos recueillis par Nadia Henni-Moulaï et Sarah Hamdi



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