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Karim Benzema, anti-héros français

Joueur de classe mondiale, Karim Benzema, attaquant au Real Madrid, reste en marge de l’Equipe de France. Aujourd’hui, ses performances sportives intéressent moins que ce qu’il dévoile d’une France agitée par ses vieux réflexes. Et si Benzema incarnait un «anti- héros » à la française ?

Depuis que Benzema est parti, je regarde moins l’équipe de France. Je préfère le jeu de l’Espagne et regarder le Real Madrid. Ils sont trop forts ! », lance naïvement Naël, 9 ans, jeune footballeur en herbe.

Vu par les enfants, l’absence de Karim Benzema en équipe de France rime avec incompréhension et déception. Adam, lui, 11 ans se dit clairement déçu.

« S’il était là, on gagnerait plus de trophées », prophétise -t-il. « Ni Benzema, ni Fékir, non plus… ».

Le jeune collégien ne comprend pas les choix de Didier Deschamps arguant même d’un certain racisme de la part du sélectionneur… Si ces propos ne sortaient pas de la bouche d’un enfant, ils pourraient paraître bien polémiques.

D’autres comme Augustin, 9 ans, lui reproche «son mauvais caractère» avant de pointer son niveau plutôt « moyen ».


Une appréciation qui peut, certes, s’entendre. L’homme est, aussi, connu pour ses 1222 minutes entre 2012 et 2013 sans marquer en équipe de France ou son rendement- 27 buts sur 81 sélections.

Reste que Benzema a, depuis, pris une envergure mondiale grâce à ses performances. Des performances qui auraient pu apporter à la sélection nationale.

Or, ces derniers mois, le message envoyé par Deschamps est plutôt clair. Benzema n’a plus vraiment sa place en équipe de France.

«Je vous ferai une réponse : l’équipe de France s’est construite avant l’Euro, elle s’est consolidée à travers la compétition où la France a réussi à aller en finale, a expliqué le technicien. Elle a continué à l’être dans cette phase de qualifications.

J’ai un groupe dans lequel il y a un équilibre, une harmonie, une dynamique. J’ai fait confiance à des joueurs qui ont répondu sur le terrain, j’ai incorporé de jeunes joueurs car je considère qu’ils ont un fort potentiel.

Je suis l’unique décideur, je prends des décisions dans un cadre sportif. Pour moi, j’ai toujours considéré qu’un groupe est au-dessus de tout, je prends toujours des décisions pour le bien de l’équipe de France. Je discute toujours avant l’annonce de la liste avec mon staff technique. J’ai toujours agi comme ça, je ne changerai pas.»



Didier Deschamps



Si on doit reconnaître à Deschamps, un souci de « ce cadre sportif »,- il a, par exemple, titularisé Giroud en EDF pourtant remplaçant à Arsenal et fait l’inverse pour Lacazette-, il reste incohérent concernant Benzema.


En juillet dernier, la Cour de Cassation jugeait « déloyale » l’enquête ouverte par la Cour de Versailles suite à l’affaire de la sextape de Mathieu Valbuena. Le commissaire en charge du dossier ayant été qualifié de « pousse-au-crime ».

La Cour de cassation explique que:

« La chambre de l’instruction, qui constatait que le commissaire de police, avait sous un faux nom, joué le rôle d’un interlocuteur au lieu et place de la partie civile, afin de recueillir la preuve de l’infraction de chantage, ne pouvait écarter l’existence d’une provocation à la commission de l’infraction sans mieux rechercher le rôle actif joué par ce représentant de l’autorité publique ».

La cour d’appel de Paris devra statuer de nouveau mais la procédure a de grandes chances d’être reconnue en « nullité ».

Joueurs à « géométrie variable »

Les dernières conférences de presse-celle du 24 août et du 27 septembre- fragilisent ce fameux devoir d’exemplarité brandi par la FFF.

Surtout quand un certain Kingsley Coman, condamné pour violences conjugales le 14 septembre, rejoint, à nouveau, les rangs de l’Équipe de France.

Didier Deschamps a rappelé la dimension « privée » de la condamnation de Coman, justifiant, ainsi, son rappel en sélection nationale.
Impossible, alors, d’éviter la comparaison avec Benzema, écartée de l’EDF depuis l’affaire du chantage à la sextape.

Affreux riches et méchants


Stéphane Beaud, sociologue et auteur de Affreux, riches et méchants (La Découverte), tente lui de comprendre les ressorts de « l’affaire Benzema ».



« Contrairement à Coman, l’affaire de la sextape concerne l’image de l’équipe de France. C’est à Clairefontaine que Karim Benzema reçoit cet appel concernant Valbuena. Tout s’est joué dans ce cadre », Stéphane Beaud.

Un argument peu convaincant pour Sylvain Cormier, avocat de Benzema. « Il n’y a jamais eu de sanctions formelles de la FFF suite à cette affaire.  Si les choses avaient été faites dans les règles, on aurait pu faire un recours ».

Au-delà de la dimension judiciaire, le positionnement de Deschamps face à ce qu’il qualifie d’ « affaire privée » interpelle.

Dans un pays, où 123 femmes sont mortes en 2016 sous les coups de leur partenaire, l’argument « affaire privée » qui « le regarde » agité par le sélectionneur pose de sérieuses questions sur sa vision d’un fléau national. En tant que parole publique, la voix de D.Deschamps porte un enjeu citoyen dont il ne peut s’absoudre.



« Affaire privée », également, pour Layvin Kurzawa convoqué en sélection pour le match contre la Bulgarie, le 7 octobre prochain. Victime d’un chantage à la vidéo, le joueur, aurait selon les révélations de la presse, âprement dénigré le sélectionneur. Les maîtres-chanteurs ont été mis en examen en septembre dernier.


En conférence de presse, le 28 septembre, il déclarait, pourtant :

« Je ne vis pas sur des a priori. Je considère que cette affaire est dans le domaine privé, et à ce titre-là j’ai pris la décision de le sélectionner. Je ne vais pas me poser des questions outre mesure. A partir du moment où je considère que c’est une affaire privée, je prends des décisions et je les assume. Je m’en tiens à ça.»

Que penser alors de cet entêtement de Deschamps sur le cas Benzema ?

Benzema, l’affranchissement

Benzema Marca

Certes, la fameuse interview de Benzema donnée à Marca, le 1er juin 2016 avait mis le feu aux poudres.


Dans cet entretien, l’attaquant madrilène interprétait sa non-sélection à l’Euro 2016 comme un aveu de faiblesse de Deschamps, cédant, selon lui, « sous la pression d’une partie raciste de la France ».


Sans jamais accuser le sélectionneur, le jeune homme faisait preuve d’une finesse d’analyse incontestable, dissociant le sélectionneur de cette « partie raciste », justement.


En 2015, le FN obtenait plus de 6 millions de voix au premier tour des élections régionales.

Est-il utile de rappeler aussi, les 11 millions de voix (sur 45 millions de votants) de Marine Le Pen aux dernières élections présidentielles.
Difficile de feindre la montée des idées d’extrême-droite dans notre pays ?

Comment imaginer que ses idées n’aient pas infusé les sphères de pouvoir, auxquelles Didier Deschamps appartient ?

Patriote fiscal

Pour Abdelkrim Branine, journaliste qui animait une émission de foot en radio, « avec cet entretien donné dans un média étranger, Benzema a affirmé sa liberté d’individu. En soi, cela a marqué un tournant ».

Au-delà de la teneur du propos, cette interview marque l’affranchissement intellectuel de Karim Benzema. Là où beaucoup de voix raillent la pauvreté intellectuelle des footballeurs, à la solde d’un sport- business, ne pourrait-on pas saluer sa clairvoyance ?

Mais voilà, Benzema est le symptôme d’une France ambivalente vis-à-vis de ses minorités ethniques. Capables de célébrer ses enfants avec brio. De les renier, aussi.


Alors s’il n’appartient plus à la « banlieue » au sens médiatique-ses revenus et son niveau de vie l’ont fait passer dans le star system-, il porte, bon gré mal gré, les stigmates d’une partie de la société française.
Issu d’une famille populaire, de parents algériens, le joueur était ce que l’on appelle pudiquement « un jeune de banlieue ».

Un statut dont il s’est extirpé grâce au sport, à ses parents aussi.
Comme le rappelle Stéphane Beaud, « son père a joué un rôle majeur dans son parcours ». Une ascension fondée sur le travail, larigueur et qui aurait pu nourrir l’idée du fameux « mérite républicain ».


Quoi de plus légitime pour ce « patriote fiscal », d’ailleurs ? Sa société BOB (Best of Benzema), qui récolte ses droits à l’image, est enregistrée Lyon.

Installée en Espagne avant 2010, il aurait pu bénéficier d’un régime fiscal très avantageux, autour de 5% d’imposition.  Lui a opté pour les 33,3% d’impôts sur les sociétés en vigueur en France…En 2012, l’attaquant s’est délesté de 400 000 euros d’impôts.

Royaume de l’implicite

Ces dernières années, le joueur est devenu le symbole d’une France en quête (apparente) d’exemplarité. Un terme brandi par Manuel Valls, alors Premier ministre, en décembre 2015 puis en mars 2016.

« Par rapport à la jeunesse, un grand sportif se doit d’être exemplaire», Manuel Valls, alors Premier ministre, 15 mars 2016.

La réponse de Karim Benzema à Manuel Valls, 15 mars 2016
La réponse de Karim Benzema à Manuel Valls, 15 mars 2016

Les mots lâchés par le responsable politique confirmaient en filigrane, l’intrusion du politique dans les affaires de la FFF.

Dans une information du JDD, du 12 novembre 2017, on apprend, d’ailleurs, que Noël Le Graët, président de la FFF, aurait promis l’Euro 2016 à Benzema.

Mais sous les pressions de Manuel Valls, alors Premier ministre de François Hollande, l’homme aurait reculé.

Toute proportion gardée, rappelons-nous la suspension de la Fédération Koweitienne de Football par la FIFA en 2015…

Raison invoquée ? « Ingérence du gouvernement dans la gestion de la fédération locale ».

Si les mots de Manuel Valls ne sont alors que déclaratifs, n’est-il pas légitime de s’interroger sur d’éventuelles pressions de Matignon ou de l’Elysée sur la fédération. À ce jour, la FFF n’a pas donné suite à notre demande d’interview. Le silence règne. Un silence de mise lorsque les enjeux relèvent de l’impensé.

Souvent, et le cas Benzema en est un exemple, certaines affaires révèlent les non-dits.Les règles établies par l’élite, celle qui détient le pouvoir-politique, médiatique ou sportif-ne sont jamais écrites.

Elles se devinent, s’analysent, s’interprètent. Comme le souligne Sylvain Cormier, avocat du joueur, cet implicite « s’est mis en œuvre à travers sa mise à l’écart de l’EDF.

Tout s’est joué de façon tacite, irrégulière. En l’absence de décision officielle, impossible de mener un recours », pointe-t-il.
Expliquer l’éviction de Benzema par le prisme de Zahia ou de Valbuena n’est, donc, plus opérant. La vérité est ailleurs.

Rien ne doit bouger

La rancœur justifiée ou non de Deschamps aurait dû s’effacer devant l’intérêt impérieux du collectif. Il s’agit tout de même de l’équipe nationale, qui représente la France !

Une équipe qui compte, juste à titre de rappel, au moins un repris de justice. Quelles règles a t-il bien pu enfreindre pour tomber sous le boisseau médiatique, politique et sportif?

Cet implicite, Didier Deschamps en est l’incarnation. Lors de la conférence de presse du 24 août dernier, les mots de sélectionneur en étaient pétri de cet implicite.

Interrogé sur l’absence de Karim Benzema, le sélectionneur se fendait d’un laconique « ma position n’a pas évolué ». Une formulation vague mais tellement équivoque d’un esprit immobile, biberonné à l’immobilisme.
Cette formule correspond à un certain esprit français,  terreau fertile de cette politique de maintien.

Que personne ne bouge (socialement), tout va bien se passer…
Une chape de plomb qui pèse sur les épaules de ceux capables de justement faire bouger les lignes réelles et symboliques.

Réussite décomplexée

Pour David, observateur et fin connaisseur du milieu du football, « Karim Benzema est l’un des Franco-maghrébins le plus flamboyants à l’étranger. Sur les réseaux sociaux, c’est aussi le Français le plus suivi ».

Une aura qui s’arrête à la frontière française. Nul n’est prophète en son pays.

« Il constitue un sujet très clivant. C’est un peu le bad boy qui a réussi dans l’imaginaire collectif », poursuit-il.

Une réussite insolente. Avec ses millions d’abonnés, le Madrilène expose sa réussite sans complexe. Un goût pour l’ostentation qui passe mal chez certains. Et qui accentue le désamour des Français pour lui. La raison n’est pas à chercher dans le rationnel.


Karim Benzema concentre à lui seul, cette « diversité réussissante », décomplexée, à qui tout sourit.

À cela, ajouter son appartenance religieuse qu’il ne cache pas.

« C’est sûr que tout cela interroge. Subirait-il cet ostracisme s’il s’appelait Antoine ? », questionne David, jetant un pavé dans la mare.

Mais, pour l’entourage de la star, le racisme ne permet pas d’expliquer le traitement réservé à la star.

Benzema, une projection française

« Le remous tacite autour de Benzema met en perspective les lignes de fracture de notre société », renchérit David. « On n’est plus dans le sport.», analyse t-il.

« Benzema paie clairement, son présumé côté bad boy, sa proximité avec les milieux hip hop, son goût pour les belles voitures, le luxe…. ».

Benzema, c’est le jeune de cité qui conjugue, avec outrecuidance, réussite professionnelle, économique et identitaire.

D’ailleurs, « il n’a pas coupé les ponts avec son quartier et cela reste très touchant », constate Stéphane Beaud.

« À l’image de ses parents à qui il a acheté un pavillon dans un quartier aisé mais qui ont préféré rester à Bron ».

Ce sont « ces contradictions qui donnent aussi de l’épaisseur au personnage », conclut-il.

Or, c’est là que réside un paradoxe bien français, « Pour autant, sa vie n’est plus en banlieue. Il n’y vit plus depuis 20 ans ! Il n’en subit plus les inconvénients. C’est dans les yeux de cette classe médiatique et politique qu’il en est un symbole », relève David.

Finalement, Benzema refuse cette assignation, implicitement édictée par l’opinion publique.


« Il brise les schémas. Il est en maîtrise parfaite de ce qu’il est et de ce qu’il n’est pas », souligne Adil El Ouadehe, cadre sportif dans une fédération.
Et c’est parce qu’il renvoie l’élite à ses propres travers qu’il ne laisse pas indifférent.


Il n’est pas dans le rôle naturel du jeune de banlieue, issu de l’immigration.

« Quelque chose de malsain s’est développé autour de lui. Son assurance, assimilée à de l’arrogance, ne pas voir qu’elle lui a permis de faire cette carrière extraordinaire…c’est un peu nourrir une certaine imagerie du passé. Celle de l’Arabe qui refuse l’autorité », soutient David, observateur sportif.


Avec Benzema, « on est dans une logique de procès », note Stéphane Beaud.
Une logique qui sied parfaitement à la binarité du débat public et médiatique. Pas étonnant que le joueur soit devenu un « produit » vendeur du point de vue marketing.

Une construction médiatique

Paradoxe supplémentaire, aussi, son rapport aux médias. Selon Adil El Ouadehe, « le microcosme médiatico-sportif n’a pas mis la main sur lui. Il n’entre donc pas dans la logique de corporation ».

Son avocat, Sylvain Cormier, souscrit. « Karim n’a jamais vraiment voulu faire le jeu médiatique. Il se définit comme un joueur de football avant tout».

D’ailleurs, son image médiatique (qu’il véhicule aussi), celle d’un jeune homme, adepte de grosses cylindrés, baignant dans l’opulence tranche avec son aura de joueur.

« Sur le terrain, Karim Benzema est un attaquant généreux! Il ne joue pas pour ses statistiques mais pour le collectif. Si Ronaldo marque, c’est grâce aux passes de Karim», un footballeur qui a souhaité rester anonyme.

Distortion d’image entretenue par un microcosme. Pour Cormier, il a constaté la « manipulation » d’une certaine presse, lors de l’affaire Zahia.

« Un journal sportif a délibérément choisi de publier les passages à charge de la conversation entre Karim et son ami d’enfance. Or, il y avait aussi des passages à décharge », nous explique t-il.

De la déontologie journalistique…

Autre exemple, la façon dont certains ont rapproché la déclaration d’amour faite à l’Algérie et son refus de chanter la Marseillaise, en 2013.
« C’est le seul que l’on a importuné avec cela. On a mis bout à bout deux événements déconnectés pour en faire une construction médiatique ».

De son côté, Stéphane Beaud pointe les dysfonctionnements de notre système, révélés par l’affaire de la sextape.

« On a des retranscriptions qui fuitent dans la presse, ce qui ne devrait pas être le cas dans notre République», s’inquiète t-il.


D’autant que ces révélations ont porté atteinte à la présomption d’innocence de Benzema.


« Karim a été mis en examen sur la base de ces retranscriptions. Or, il aurait été normal en termes de procédure judiciaire d’entendre Valbuena avant cette décision », déplore maître Cormier. « Ces écoutes sorties dans la presse ont faussé tout le dossier ».


Une proximité malsaine des « pouvoirs », donc, passée sous silence au détriment du « produit ». Benzema, sésame pour une presse en quête de révélations.

Zidane ou la rupture générationnelle

Au-delà de la dimension marketing, l’effervescence autour du joueur illustre aussi une transition. Pourquoi Benzema n’a pas pris le relai d’un certain Zinedine Zidane dans le cœur des Français ?


« Pourtant, il le dit lui-même. Zidane c’est comme son grand frère », rappelle Branine. « Je pense que tout ce qu’il fait reçoit son accord tacite ».


Abdelkrim Branine, journaliste.


Une analyse plausible et qui renvoie à la figure vénérée mais mutique de Zinedine Zidane.

« Sportivement, pour moi, il est l’un des meilleurs attaquant au monde », Zinedine Zidane à propos de Karim Benzema, 26 août 2017.

Un mutisme qui tranche avec la communication assumée et décomplexée de Karim Benzema. Une communication particulièrement riche sur les réseaux sociaux, révélatrice d’un changement de paradigme générationnel.

Karim Benzema incarne « cette génération qui l’ouvre. On l’a vu avec l’interview de 2016 mais aussi avec sa façon de s’émanciper de cette réserve, à laquelle Zidane, figure si populaire, nous a habitués ».
Ce qui créé l’ombrage pour la classe dominante, ce n’est pas de penser. Plutôt de faire entendre sa voix.

Le foot est politique

Benzema brave, lui, cet interdit, défiant les codes et le déterminisme ambiant. En cela, il porte une dimension à l’opposé du héros conventionnel. Parti de rien, il a bâti une carrière, avec des aspérités certes, mais teintée d’abnégation.

« Malgré l’image très méprisante associée aux footballeurs, il réinvente avec panache l’idée d’une certaine France, celle des idéaux, n’hésitant pas à la questionner, à pointer ses contradictions », Abdelkrim Branine, journaliste.

L’enjeu de l’équipe de France en est une métaphore éclatante. Rejoindre ou non la sélection, être digne ou non de porter le maillot tricolore, chanter ou refuser de chanter la Marseillaise.

Finalement, le cas Benzema illustre bien la transition d’une France à l’autre.

En 1998, le vernis de l’égalité républicaine faisait encore recette parmi les enfants de l’immigration. En 2017, et Benzema en est un exemple, le vernis s’est écaillé.

Depuis que des Français- issus de– ont décidé d’écrire leur propre récit, un certain microcosme dominant s’est crispé. Ses injonctions tacites à se taire ne passent plus. Désormais, les voix se font entendre. De l’ouvrier au footballeur millionnaire.

Entrepreneur des médias, Fondatrice de MeltingBook, Directrice de la publication et des Éditions MB.

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