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Mohamed Bajrafil : « La responsabilisation du croyant est la clé de nos problèmes » 1/2

Date de première mise en ligne : 22 février 2017

Exclusivité MeltingBook. Imam à la mosquée d’Ivry-sur-seine, linguiste, écrivain, et spécialiste du droit shafi’ite, Mohamed Bajrafil nous a accordé un long entretien.

Nous y avons abordé les questions de l’extrémisme religieux de Daesh, de ses racines et des moyens de le dépasser.

Nous avons également traité le sujet de la présence musulmane en France, de la notion de oumma, du voile, de la sécularisation et des priorités à accorder dans la pensée musulmane contemporaine.

F.B. : « La visibilité de l’islam dans l’espace public est une source de tensions plus vives qu’il y a deux ans». L’image de l’homme musulman est source « d’inquiétude diffuse vis-à-vis de la figure symbolique , comme s’il était porteur d’une menace potentielle plus palpable » selon une enquête Ifop.
Êtes-vous de ceux qui considèrent, à l’instar de Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, qu’il existe un problème de la visibilité religieuse de l’islam en France, notamment autour du voile ?

Mohamed Bajrafil : Il faut être réaliste. On sait très bien que cela existe. Notamment suite aux attentats, il y a quelque chose d’incompréhensible pour nos concitoyens non musulmans. Il faut que nous, musulmans, nous l’entendions parce que humainement il faut arrêter de se raconter des histoires.

On sait qu’associer barbe, par exemple, et terrorisme est idiot et n’a pas de sens. Mais l’image qu’on en a donné, c’est celle-là. Et si quelqu’un sortait au lendemain des attentats et croisait une personne lui rappelant, par son apparence, le contexte de la violence, il pourrait ressentir une crainte.

La barbe n’est pas une obligation pour l’école shafi’ite et le grand qadi malikite ‘Iyad. L’océan de la religion de Dieu ne peut pas être réduit à des poils. Une étudiante en master 1 m’avait dit un jour : « Un théologien qui n’a pas de barbe, j’ai du mal à l’écouter ».

S’il y a problème de la visibilité religieuse, il est externe aux musulmans car on leur a collé une image, celle de gens qui commettent des attentats, faisant d’ailleurs plus de victimes musulmanes que non musulmanes et même cette réalité là leur est refusée.

S’il y avait un minimum d’honnêteté intellectuelle, on reconnaîtrait que les principales victimes du terrorisme dans le monde sont musulmanes. Qu’est-ce qu’on attend du musulman dans cette histoire ?

Ces terroristes n’en ont que faire de la vie humaine. Pour autant, le musulman doit être conscient de la situation. Cela dit, je m’inscris en faux contre les débats sur la déradicalisation. Des radicaux, il y en a toujours eu.

Les khawarijs étaient des radicaux. Ce mot est un mot valise. Les radicaux depuis toujours n’acceptent pas la différence. S’il y a divergence, ils postulent la liquidation physique. La religion ne sert que de détonateur.

Cela n’excuse pas le fait qu’il y ait dans notre héritage, des passages qui sont d’une violence inouïe dans certaines traditions attribuées au Prophète et surtout dans des livres de fiqh (droit et jurisprudence, ndlr), et même en théologie.

Quand on lit un livre dans lequel l’auteur écrit : ce que dit ce livre est la vérité absolue ! Qu’est-que cela signifie ? Il m’est arrivé d’entendre chez certains de mes coreligionnaires qu’il ne fallait surtout pas avoir de relations intimes avec une Juive car il fallait se laver 40 fois !

Il peut y avoir des prédispositions à ce que cette idéologie mortifère (celle de Daesh, ndlr) vienne se greffer dans la psyché d’un tel ou d’un tel. Nous n’avons pas l’honnêteté de dire les choses clairement.

On se cache tout le temps et on se trouve des excuses. Quand certains disent « Juif hachak» (formule exprimant le mépris, ndlr), c’est un acte de mécréance car Dieu a ennoblit un être en le faisant homme.

F.B. : On ne peut pas réduire cette problématique de la visibilité religieuse au contexte post-attentat car cette question a été soulevée depuis plus longtemps et remonte d’une certaine manière aux premières affaires de voile…

M.B. : Certes, mais le terrorisme est un facteur aggravant qui a rendu très grave une situation déjà grave.

F.B. : Faut-il donc renoncer à cette visibilité ?

M.B. : Non, je ne dis pas cela. Il faut juste être intelligent et revenir à la sunna du Prophète en regardant les étapes de sa vie. Tirons également les leçons de ce que nos concitoyens Juifs ont vécu en France. On essaie de nous placer dans une situation de majorité versus minorité.

Islam de France. L'an I, de Mohamed Bajrafil (Ed.Plein jour)

Islam de France. L’an I, de Mohamed Bajrafil (Ed.Plein jour)

Or, la jurisprudence musulmane a été établie dans un contexte de majorité et de domination politique des musulmans. On oublie de le rappeler. De la même manière que les Etats-Unis font ce qu’ils veulent, la jurisprudence musulmane est dans une situation qui n’est pas bien différente de celle des Etats-Unis aujourd’hui.

Raison pour laquelle on y trouve des choses proprement abracadabrantesques. Dans un ouvrage de fiqh hanbalite, on peut lire que la maison d’un musulman et celle d’un non musulman ne doivent pas être au même niveau et que celle du musulman doit être plus haute !

Les échanges intercivilisationnels sont tels que l’homme ne peut pas, sous peine de se couper du monde, se réclamer d’une civilisation plus qu’une autre.

Un Américain dira, dans le même ordre d’idée, qu’un Américain ne sera jamais jugé ailleurs qu’aux Etats-Unis. On ne peut plus parler de choc des civilisations car pour le dire légèrement la plupart des humains ont grandi avec Mickey Mouse !

F.B. : Est-ce à dire qu’il n’y a plus d’histoire car l’histoire s’est toujours nourrie des rapports coercitifs ou pacifiques entre blocs civilisationnels ou culturels ?

M.B. : Non, il faut juste se rappeler les priorités. Il y a une discipline qui s’appelle fiqh al mou’azanates que j’appelle la jurisprudence du jonglage qui, au fond, caractérise toute la législation divine. Cette discipline postule qu’on ne se retrouve dans la vie que face à trois situations.

Soit on se retrouve face à deux situations antagonistes, l’une étant bonne, l’autre mauvaise. Soit deux choses étant toutes les deux bonnes, mais l’une étant meilleur que l’autre. Soit deux situations mauvaises mais dont l’une est pire que l’autre.

A partir de là, on raisonne en termes de priorité. C’est ce dont nous manquons, nous musulmans. Nous ne savons pas où se trouvent nos priorités.

Au cours de Hudaybiya (pacte de cessez-le-feu négocié entre le Prophète et les Mecquois, ndlr), le Prophète a fait des choses qui ont choqué ses compagnons, comme renoncer à la mention de sa prophétie, mais il l’a fait dans un but précis parce qu’il avait des priorités.

Cette logique, nous ne l’avons plus. Du coup, nous sommes dans le registre de l’awatif, des émotions. Si une action conduit à l’exacerbation d’une situation qui l’est déjà, ce n’est pas une action intelligente.

Faisons preuve d’intelligence car certains n’en ont rien à faire des intérêts de ce pays et de ce peuple mais ne veulent qu’arriver à des postes politiques. Lorsque l’on se retrouve face à eux et que l’on leur dit leurs quatre vérités, ils ne sont pas capables de répondre car il y a chez eux de la malhonnêteté.

F.B. : Vous plaidez donc pour une refonte intégrale du fiqh ?

M.B. : Dans certains domaines. Il y a des pans de notre jurisprudence qui ne sont plus valides aujourd’hui. Chaque génération a été amenée à réaliser un remarquable travail d’interprétation et de compréhension des Textes. Nous, nous voulons nous en priver.

F.B. : Vous travaillez personnellement à cette refonte partielle dans de la production écrite ?

M.B. : Oui, dans des articles et des écrits en préparation. J’ai déjà publié un premier ouvrage de réflexion. Je vais prochainement publier un article intitulé « L’islam sera miséricorde ou ne sera plus». Je prend des exemples on ne peut plus choquant qu’on retrouve dans notre héritage juridique et qui ont pourtant fait l’objet d’unanimité ou presque.

Donc ceux qui parlent de consensus (ijma’) vont se sentir mal à l’aise. Qui accepterait qu’on tue son père parce qu’il ne fait pas la prière ? Et pourtant, il y a sur cet avis unanimité chez toutes les écoles sauf les hanafites qui, eux, disent qu’il faut le frapper jusqu’à ce qu’il revienne vers la prière. Il faut mettre les gens face à leurs contradictions.

F.B. : Mais les jeunes musulmans français ou européens n’ont pas accès à ce type d’avis dangereux et présents dans des œuvres anciennes, qui plus est en langue arabe ?

M.B. : Oui, mais ceux qui les manipulent y ont accès et ces informations circulent sur internet. Là est le problème.

F.B. : Qui travaillent aujourd’hui en France sur ce chantier de la refonte partielle du fiqh ?

M.B. : Le Conseil théologique musulman de France qui vient de se créer y travaille. La difficulté vient du fait que nous nous retrouvons situés entre deux feux : entre ceux pour lesquels l’héritage est sacré et ceux qui n’en veulent pas du tout.

Mohamed Bajrafil, membre du Conseil Théologique Musulman de France

Mohamed Bajrafil, membre du Conseil Théologique Musulman de France

Ce sont les premiers que je vise dans mon travail de conscientisation religieuse car il est facile de décréter que tel ou tel groupe prétendument musulman ne le serait pas en vertu de la gravité de ses actes. Mais je leur amène toutes les preuves que ces actions sont mentionnées dans le fiqh. Les preuves de ces exactions sont là !

Tout cela n’a rien à voir avec la religion de Dieu mais tout à voir avec une certaine conception de la religion chez les fouyqa’as (juristes, ndlr).

Au point de se demander s’il n’y a pas lieu de parler de deux islams : l’islam de Dieu et l’islam des fouqa’as.

Parfois les deux se rejoignent, parfois ils se contredisent. Cela signifie que ces traductions historiques de la jurisprudence islamique passée ne sont que des tentatives datées et contextualisées de personnes s’efforçant de relever le défi de questions qui les taraudaient avec leurs propres moyens à partir du Texte.

Sauf que le rapport au Texte est orienté par ces réalités auxquelles ils souhaitaient apporter une réponse et cela personne ne veut l’entendre.

F.B. : Quelles sont les nouvelles orientations qu’il faut donner à la production jurisprudentielle islamique contemporaine ?

M.B. : Il y a deux points fondamentaux sur lesquels le fiqh doit être retravaillé aujourd’hui.

Le rapport à l’autre pour commencer. Certains savants comme Al Qaradaoui ont fourni un travail important dans ce domaine (même si certains ne veulent pas en entendre parler) ou d’autres comme Hassan Al Tourabi. C’est un travail collectif.

Quasiment l’ensemble des versets du Coran parlent de la bienfaisance envers l’autre. Et pourtant, la quasi-totalité des savants anciens ont considéré que ces versets avaient été abrogés par un ou deux versets !

Cela en devient ridicule. Entre 200 à 500 versets ont été abrogés de la sorte ! Tous les versets allant dans le sens d’une liberté ou d’une ouverture sont systématiquement abrogés par le verset célèbre dit de l’épée. Sommes-nous dans la science exacte ou dans l’arbitraire ?

Le terme de rahma (miséricorde) a été cité plus de 200 fois dans le Coran et celui de ‘adhab (châtiment) près de 20 fois. Aujourd’hui, le discours sur la bienfaisance s’impose.

Le second point concerne la question du sang. Chez les fouqahas, pour un oui ou pour un non, on assassine.

Ibn Taymiyyah est allé tellement loin dans cette logique qu’il est allé jusqu’à dire que celui qui considère que formuler à voix haute l’intention de prier avant une prière est une obligation ou fait partie de la religion, et ne s’en repent pas, on le tue ! Ibn Taymiyyah a utilisé le terme « tuer » 2000 fois dans son oeuvre !

F.B. : Même s’il convient de préciser la distinction fondamentale entre sources divines et prophétiques (sharia) et production humaine jurisprudentielle et historique, comment comprenez-vous cet usage banalisé de la violence et du meurtre dans le fiqh ? Peut-on le rationaliser ?

M.B. : Tout simplement par le fait qu’à cette époque, la vie humaine n’était pas considérée à sa juste valeur.

F.B. : Et pourtant le Coran mentionne à plusieurs reprises la valeur de la vie humaine et de l’interdit catégorique de lui porter atteinte ? Il existe même une discipline sur les finalités de la sharia (maqasid ash-sharia) qui postule en premier lieu la préservation de la vie humaine.

M.B. : On ne peut pas faire fi de son temps et ce qui a été postulé n’a pas toujours été pratiqué. Nos propres réactions aujourd’hui et le fait que certaines choses peuvent nous choquer nous viennent aussi de notre contexte historique.

En France, on a tué des milliers d’individus pour leur race ou leur religion, encore récemment. C’est cela qui doit évoluer. C’est ainsi qu’on pourra sauver la religion car c’est une religion de vérité.

La considération de l’autre est essentielle car comment pouvons-nous vivre ensemble si certains sont considérés comme des moins que rien.

Nous parlons souvent d’islamophobie. Mais quelle est la place de l’autre en nous ? Nous sommes victimes de rejet : mais est-ce que l’autre, nous ne le rejetons pas par une conception complètement dévoyée de l’islam ?

Quand on voit des fidèles refuser que des non musulmans viennent dans les mosquées : sur quelles bases ? Pourquoi ? Dans cette même logique, le recours à l’excommunication et au meurtre des apostats a été souvent instrumentalisé par les politiques dans l’histoire du monde musulman.

F.B. : Le rapport à l’autre non musulman est difficile, en particulier avec l’autre Juif. Les versets dénonçant des exactions commises par des Juifs sont transférés et greffés sur les Juifs d’aujourd’hui. Certains n’hésitent pas à parler d’antisémitisme…

M.B. : La question palestinienne y est pour beaucoup. Mais les Juifs ont très largement bénéficié d’une protection dans l’Empire musulman et certains font mine aussi de l’ignorer en tapant sur les musulmans.

De ce point de vue, l’expression de judéo-christianisme est une pure aberration. Les Juifs ont été persécutés en Europe pendant des siècles, jusqu’à l’affaire Dreyfus et les camps de concentration.

On se moque du monde. Les blagues racistes que les jeunes s’envoient aujourd’hui au visage, d’où viennent-elles ? Au contraire, il y a dans l’héritage musulman des choses extrêmement belles à ce sujet.

Dans l’école shafi’ite, on apprend qu’on peut pratiquer la rouqiya (lecture de textes coraniques à des fins médicinales ou spirituelles, ndlr) à partir de versets de l’Evangile ou de la Torah. On ne le dit jamais alors que Shafi’i l’affirme expressément.

Puisqu’on peut manger leur nourriture, on peut également réciter leur livre à condition de ne pas réciter les versets divinisant le Christ. Certaines traditions nous rapportent qu’une femme juive faisait la rouqiya à ‘Aïcha (femme du Prophète, ndlr).

Même chose pour la femme d’Abdullah ibn Mas’ud (compagnon du Prophète réputé pour sa connaissance du Coran, ndlr). Pourquoi ne pas mettre cela en avant ? Pourquoi postuler le contraire ?

En 2006, une fatwa d’une institution religieuse égyptienne autorisait le don d’organe avec comme argument le fait qu’on pouvait, en cas de famine, égorger celui qui ne faisait pas la prière et… le manger, y compris un enfant !

On retrouve ces avis chez l’imam An-Nawawi ou Al Ghazali qui jouissent pourtant d’un grand renom et sont quasi sacralisés. J’ai fait à ce sujet un long article sur la place de l’imam An-Nawawi dans le shafi’isme.

F.B. : Ces avis sont terrifiants. Mais sont-ils réellement représentatifs de la production jurisprudentielle ? Dans leur folie même, ne relèvent-ils pas de l’anecdote fut-elle sinistre ?  

M.B. : Hélas non. Il faut affronter en face cet héritage car ce qui est en train de se passer est que certains vont quitter l’islam car d’autres musulmans reviennent à cet héritage.

Dans le chapitre d’un célèbre opuscule de jurisprudence shafi’ite intitulé safinatou al-najah enseignait aux plus petits que parmi les conditions pour recourir à l’ablution sèche (avec une pierre, sans eau, ndlr), se trouve le fait de donner son eau à un être respectable.

Et juste en dessous, on peut lire que parmi les six catégories d’êtres considérés comme étant non respectables se trouvent ceux qui ne font pas la prière…que, s’ils meurent de soif, on ne doit pas leur fournir d’eau mais faire ses ablutions avec !

Et cet opuscule est encore enseigné aujourd’hui ! Mais soyons clair : ceux qui disent qu’il faut rejeter notre héritage en bloc avec ce qu’il a donné en matière de production mathématique par exemple et d’algorithmes et tant d’autres merveilles se trompent.

Ecartons le mauvais et conservons le bon. Certaines figures intellectuelles de premier plan ont questionné à l’époque cette pente descendante et mortifère du fiqh à l’instar de Fakhr-Din Ar-Razzi, mort en 606 de l’Hégire.

F.B. : Ce que vous évoquez là est un cas typique d’historicisation des sources de la jurisprudence. Nous pourrions faire une analogie avec les écrits de nombreux penseurs d’excellence qui ont théorisé la raison morale (raison pratique) comme Kant ou des humanistes comme Voltaire qui ont néanmoins tous deux écrit des horreurs sur les Noirs, les Juifs ou les femmes.

Tout à fait. Mais au-delà de cet aspect historique, c’est la notion de ijma’ (consensus) qui est discutée. Cette notion est fragile et n’a pas fait l’objet d’une définition claire et solide. Aucune notion n’a fait l’objet d’autant de divergence que l’ijma’ et pourtant elle est constamment utilisée.

Propos recueillis par Fouad Bahri

Retrouvez la suite de cet entretien avec Mohamed Bajrafil, demain, jeudi 23 février 2017 :

Mohamed Bajrafil: « La responsabilité du croyant est la clé de nos problèmes » 2/2

Raconter, analyser, avancer.

Comments (2)

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    Mashallah, c’est un défi à relever crucial pour laver la religion de ce qu’elle n’est pas et qui n’est que l’interprétation et défaut de l’humain

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    Most moderns don’t treat Aristotle with any degree of seriousness or respect- the effect, I suppose, of centuries of cholrnoogical snobbery. I don’t go to a Catholic university, and one of my lecturers recently made the completely asinine assertion that Galilean physics overthrew Aristotelian metaphysics. I just about popped a vein.

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