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À la radio et à la télé, toujours pas d’égalité femmes-hommes

Le temps de paroles des femmes dans les médias est beaucoup plus faible que celui des hommes. L’INA (Institut National de l’Audiovisuel) a utilisé, pour la première fois, l’intelligence artificielle pour évaluer le temps de paroles des femmes et des hommes à la télévision et à la radio. 700 000 heures de programmes ont été décortiquées, soit le plus gros volume jamais analysé au monde.


“Le sérieux d’Arte se fait donc avec les hommes et l’émotion de M6 se fait avec les femmes.” C’est le constat que faisaient déjà en 2008, Michèle Reiser et Brigitte Grésy dans un rapport public sur “l’image des femmes dans les médias”.

L’INA a voulu aller plus loin pour le démontrer. Dans une étude publiée en mars 2019, pas moins de 700 000 heures de programmes diffusés en France ont été analysées.

Les résultats sont sans équivoque. Ils montrent fort déséquilibre entre le temps de paroles alloué aux femmes et celui dédié aux hommes. Les prises de paroles des femmes représentent moins d’un tiers du temps de paroles global à la télévision (32,7%) et à la radio (31,2%).


Les chaînes de TV ayant un taux d’expression les plus élevés alloué aux femmes sont celles destinées à un public féminin comme Téva ou Chérie 25. A contrario, celles à visée sportive telles que Eurosport (7,4 %) et la chaîne l’Équipe 21 (16,5%) accusent les taux plus faibles.


De même, les programmes à visée culturelle (Histoire, Arte, France 5) révèle un taux plus faible d’expression des femmes que celles ayant un objectif généraliste (M6 ou TF1).


Utilisation de l’intelligence artificielle, une première

L’intelligence artificielle a permis pour la première fois de faire une analyse massive des fonds audiovisuels de 2010 à 2018. Pour mener à bien cette étude, l’INA et l’université du Mans ont créé un logiciel spécifique d’analyse acoustique.

Auparavant, la mesure du temps de paroles était manuelle et donc très coûteuse. Elle ne pouvait être faite que sur des échantillons très réduits.

En France, l’INA conserve l’intégralité des flux diffusés sur une sélection des chaînes de TV et de radio. Cette spécificité française permet cette approche exhaustive.


Aux heures de forte audience, les femmes parlent moins

Pire, le taux d’expression des femmes baisse pendant les heures de forte audience. Il diminue de 3,2% sur les chaînes de télévisions privées et de 1,1% sur les chaînes publiques.

En “prime time ” (19h-20h), le temps de paroles des femmes approche les 38% pour les chaînes publiques et 25 % pour les privées.

Pour les radios privées, ce taux baisse de 2,7 % aux heures de forte écoute. Mais il augmente de 0,3 % sur les celles publiques.


Les inégalités tendent à se réduire

À travers le temps de paroles, le grand écart de représentation femme/homme dans les médias met en exergue les discriminations prégnantes dans ce secteur.

Bonne nouvelle : ces fortes inégalités tendent à se réduire au fil des années.

L’évolution du taux médian d’expression des femmes révèle une hausse. À la radio, il est passé de 25% en 2001 à 34% en 2018. Pour les chaînes de télévision, il est passé de 30% en 2010 à 35% en 2018.

Point positif de l’étude : la tendance à la réduction des écarts. Reste que les efforts doivent se poursuivre pour atteindre l’égalité entre les deux sexes.


Après des études en sociologie et un DESS en conseil aux collectivités locales en matière de développement, Zaouia Meriem-Benziane se spécialise dans les questions d’échec scolaire et d’insertion sociale. Elle mène également des projets de lutte contre les discriminations et de RSE (responsabilité sociale des entreprises).

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