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« Tant que des médias feront leurs reportages chocs dans les quartiers, on ne pourra pas avancer »

#LaFranceUneChance, c’est le hashtag lancé, ce 22 mai 2018, pour couvrir la prise de parole, du président Emmanuel Macron. Le but de l’allocution ? Détailler des mesures pour « les banlieues » (nous mettrons ce terme volontairement entre guillemets, ndlr).

À cette occasion, le président de la République a voulu rassembler. Mais rassembler, à l’Elysée, une centaine d’associations et d’élus locaux investis sur le terrain. Un symbole envoyé aux habitants de ces territoires français fragilisés et fracturés par les inégalités.

La bienveillance semble là. Mais si le discours de E. Macron porte sur des points concrets (financement des associations, familles, parcours d’élite, places des boursiers dans les grandes écoles, etc.), le scepticisme reste présent.

E. Macron parviendra-t-il à mobiliser l’ensemble des forces gouvernementales ? Même s’il prend ses distances avec l’idée d’un « plan banlieue », on se rappelle que le « plan banlieue » de Fadela Amara, secrétaire d’État à la Politique de la ville de N.Sarkozy, avait quant à lui fait pschitt surtout par manque d’engouement interministériel.

Alors, aboutira, n’aboutira pas ?

Les moyens seront-ils vraiment donnés pour concrétiser les ambitions annoncées par le gouvernement, envers ces territoires : « ces quartiers », qui font partie intégrante de la France (doit-on encore le rappeler). C’est bien là des questions que se posaient, et se posent les habitants de ces « banlieues » et ceux qui n’ont pas attendu le gouvernement actuel pour y oeuvrer concrètement depuis des années.

Parmi eux des acteurs de terrains consultés lors des commissions, en vue de l’élaboration des propositions d’action. Propositions dont certaines (pas toutes) ont été reprises dans le dénommé (par les médias) : « Plan Borloo ».

Des cités d’or

MeltingBook était présent, jeudi 26 avril, à l’occasion de la 5e édition des États généraux de la Politique de la ville, dans le 19e arrondissement de Paris. Petit flash-back, Jean Louis Borloo remettait ce jour-là le rapport au Premier ministre. Dans la salle, les médias nationaux « couvrent » l’évènement clé, après l’appel de Grigny.

Sur place, on retrouve leaders du mouvement citoyen Bleu Blanc Zèbre, l’association Ville & Banlieue, des personnalités, des élus, mais surtout des habitants de ces « cités » d’or : « vivier de talents et créateur de richesse » comme le souligne une habitante, investie dans l’éducation populaire, lors de l’événement.

Drôle d’anecdote pour certains, révélatrice pour d’autres. Au micro, on annonce : « Il tient vraiment à être présent, Jean-Louis sera avec nous » tout à l’heure, « il fait une sieste » ayant terminé le dit rapport vers 3 heures du matin.

Là aussi, plus d’une centaine d’acteurs de terrains se sont rassemblés « pour faire bouger les lignes ». Autant d’espoir fondé dans ce « plan d’action », qui, doit-on aussi le rappeler, est né de mois de travail et de concertation avec les associations de terrain, citoyens et élus. Écoutons des voix des terrains.

Au premier rang, Anne Hidalgo, maire de Paris, Jean Louis Borloo, Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, Driss Ettazoui, vice-président de Ville et Banlieue.

Témoignages

Erwan Ruty, directeur de Ressources Urbaines, l’agence de presse des quartiers, Erwan Ruty, fondateur et rédacteur en chef du Journal Officiel des banlieues Presse & Cité

« 56 pages de propositions. Mais on ne parle pas des médias. Une grosse partie du problème dans les quartiers, c’est que l’ensemble de la société française les regarde mal. Pourquoi ? Parce qu’elle les voit mal. Et pourquoi ? Parce que les médias les montrent mal. »

Driss Ettazaoui, vice-président de Ville & Banlieue

« En terme d’attentes, optimiste par nature, j’ai envie de croire que toute cette mobilisation n’accouchera pas d’une souris »

Fatima El Haoussineadjointe au maire déléguée à la politique de la ville et à l’animation des adjoints de quartier, à Reims

« Il faut concrétiser tout ce qu’on vient de dire. Il faut donner les moyens pour réussir cette politique de la Ville. »

Abderrahim Rchouk, membre de l’Agence Éducation Par le Sport (APS)

« Aujourd’hui on arrive à maturité. J’ai commencé il y a 20 ans, et 20 ans après je suis content d’être là. Si cela va plus loin, cela va être pour TOUTE la France, et on sera soutenu par l’État français. »

Voir l’allocution du président ce 22 mai 2018 :

Rédactrice en chef de MeltingBook, formatrice éducation aux médias, digital & dangers du web

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