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« Depuis #MeToo et la Ligue du LOL : les femmes sont davantage écoutées »


Le combat pour les droits des femmes ne se limite pas à la date du 8 mars. Ynaée Benaben est co-fondatrice d’En avant toute(s), association d’aide aux jeunes femmes victimes de violences. Elle a créé la première plateforme web pour les jeunes dédiée au sujet ainsi que le premier tchat pour les femmes victimes de violences. Pour MeltingBook, elle dresse un constat positif sur la libération de la parole. Et souligne l’importance de valoriser le travail des associations, très précarisées par le manque de subventions.

Vous êtes co-fondatrice d’En avant toutes depuis 2013. Après les 50 ans de Mai 68, la Ligue du Lol, #MeToo, quel regard portez-vous sur l’évolution des luttes pour l’égalité femmes/hommes en France ?



Ces événements, très médiatisés, ont en commun une chose : on a dit d’eux qu’ils permettaient de libérer la parole. Mais la parole ne se libère pas toute seule : les femmes ont toujours parlé des violences qu’elles subissaient.


Ynaée Benaben

Une grande différence apparaît toutefois depuis les récentes affaires telles que #MeToo ou la Ligue du LOL : c’est que maintenant, les femmes sont davantage écoutées.


Un espace médiatique s’est libéré, le sujet revient régulièrement à la Une de l’actualité. Et ça, c’est très important, parce que ça permet aux femmes de comprendre que leur situation est sérieuse, que plein d’autres femmes ont vécu la même chose, et qu’il existe des moyens d’en sortir et de se sentir mieux.




La jeunesse (mais pas seulement) a été motrice dans les mouvements nés sur les réseaux sociaux. Quelles avancées observez-vous sur le terrain via vos études et actions avec En avant toute(s) ? 



On remarque qu’il y a encore beaucoup d’idées préconçues très fortes chez les jeunes, notamment autour de la valorisation de comportements tels que la jalousie, la possessivité, la surveillance des réseaux sociaux et communications privées de l’autre.


Dans le même temps, on se rend aussi compte que le discours féministe qui se positionne contre les violences impacte aussi cette population, qui en est souvent l’initiatrice.


De plus en plus de jeunes s’expriment sur ces sujets, notamment à travers les réseaux sociaux. Ils et elles se positionnent comme acteurs et actrices du changement.



Dans quelles actions faudrait-il investir selon vous pour faire avancer davantage les luttes féministes ?



Il est nécessaire d’investir avant tout dans la valorisation du travail des associations. Aujourd’hui, on compte encore beaucoup sur les bénévoles, les associations sont très précarisées par le manque de subventions, ce qui les empêche de faire un travail suffisant pour aider toutes les victimes.


Elles prennent en charge des missions qui sont d’intérêt général, auprès d’un public très nombreux et des femmes les plus précarisées et marginalisées.


Ces missions sont très exigeantes en temps, en énergie et en expertise et pourtant la reconnaissance de ce travail reste extrêmement partiel. Pour autant, les récentes mobilisations montrent que ces questions deviennent un enjeu de société de plus en plus reconnu, nous donnant bon espoir quant aux capacités de changement social.



En savoir plus sur le parcours de Ynaée Benaben

À 28 ans, Ynaée BENABEN est lauréate du Prix Coup de Cœur 2018 du Concours d’éloquence de la Fondation des Femmes, lauréate du 3è Prix Femmes en Chœur 2018 du Dr Pierre Ricaud et Prix Coup de Cœur de Femme Actuelle. La jeune femme a co-fondé en 2013 l’association En avant toute(s), dédiée à l’aide aux jeunes femmes victimes de violences.

Elle a créé la première plateforme web pour les jeunes dédiée à cette question et lancé le premier tchat pour les femmes victimes de violences. En avant toute(s) est aujourd’hui l’association de référence sur la question des violences chez les jeunes et sur l’accompagnement numérique.

Elle fait partie de la Fédération nationale Solidarité Femmes qui a reçu le label Grande Cause nationale 2018 décerné par le Président de la République. 

©Illustration de Une de Swindler & Swindler

Rédactrice en chef de MeltingBook, formatrice éducation aux médias, digital & dangers du web

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